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Ma grand-mère suce des grosses queues sur Internet

Par
François Gariépy
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Depuis quelques clics, le nouveau turn-on dominant dans la pornographie sur le web, c’est les « grannies », c’est-à-dire les femmes affichant au moins 55 au compteur et ayant toujours un appétit sexuel digne de Rita Toulouse après trois Singapore Sling. Un ti-morceau de sucre à la crème avec ça ?

La belle Suzanne de Montréal, 57 ans, princesse de la géronto-porno moderne, donne plusieurs spectacles par semaine sur livesex.com, le meilleur site de sexe en streaming de la planète. Elle m’accorde sans frais quelques minutes de son précieux temps via son téléphone à roulette, en direct de sa cuisine. «Ma job est simple, explique-t-elle. Je donne un bon show sur la webcam de mon ordi, pour les boys qui sont dans la room mature/milf. Ensuite, je les invite à passer en mode privé. Et là, je finis toujours par m’insérer des objets dans la bouche, les fesses et le vagin, pour leur faire plaisir… Après ça, je reçois une paye!». Parle, parle, jase, jase, je constate que la dame de cœur savoure la vie, d’autant plus qu’elle gagne la sienne honorablement, tout en maintenant son amour-propre au plus haut niveau. Adulée chaque soir par des dizaines de membres qui lui vouent un culte, la star raconte l’histoire de son entre-fesses. «J’ai dansé, fait un peu de prostitution, beaucoup de massages à crossette, énumère-t-elle. Mais, à mon âge, ce n’est plus possible.» Et comment tisse-t-on une carrière sur la toile, surtout à un âge aussi vénérable ? «Personnellement, c’est en me promenant sur des sites de rencontres comme Adult Friend Finder, pour m’amuser, que j’ai compris que bien des femmes de ma génération arrondissaient leurs fins de mois en faisant pas grand-chose», de confier Suzanne. Depuis, elle se «tricote» on line en semaine, juste après les nouvelles de 22h. Suffit de visiter Livesex.com pour la reluquer. Même que la première branlette est sur son bras.

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La montée des minounes matures

Le succès des grands-mères dégourdies n’est pas seulement redeva­ble à la lucrative clientèle des pervers pépères qui ne demandent qu’à se branler devant des cochonnes en levrette qui ont gradué en même temps qu’eux. Le phénomène est trop flagrant pour le nier: les jeunes hommes fantasment aussi sur les femmes matures. En fait, ils éjaculent comme jamais devant les prouesses de ces corps toujours ridés, parfois grassouillets et rarement épilés de près, pres­que «vintage» diront certains, identiques à celui de la caissière de votre Wal-Mart préféré diront d’autres.

Sur des sites comme deviantclip.com (le premier répertorié dans Google quand on clapote «hardcore porn»), l’appellation «grannies» vient tout juste d’apparaître dans le top 5 des recherches effectuées par mots-clés, aux côtés des sempiternels «anal», «shemale», «teen» et «amateur». Le webmestre Carl de MyHomeClip.com, qui cadre et recadre à l’infini les pires et meilleures images qui font cliquer toujours plus profondément les visiteurs des sites de porn, a analysé un peu le phénomène. «Deux types de filles ont actuellement la cote chez les amateurs de porno, affirme-t-il. D’abord, les jeunes bad girls avec tatouages, piercing et cheveux roses, que l’on surnomme emo, et les grannies, qui font du gros hardcore juteux ou seulement des photos de charme. C’est le seul créneau qui monte vraiment depuis deux ans».

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Mais qu’entend-on par «minoune mature»? Selon les standards de l’industrie de la femme-toute-nue, une MILF (Mother I’d Like to Fuck) peut avoir n’importe quel âge; par définition, suffit qu’elle soit une maman assumée. Mais on s’entend généralement sur le fait qu’elle est jolie et a l’allure d’une femme de plus de 40 ans. La reine du genre est Janine Lindemulder, spécialisée dans le «girls on girls» depuis ses débuts. Née en ‘68, elle demeure sous l’égide de la Vivid Entertainment Group et mise sur la nostalgie de ses fans, qui l’ont pour la plupart découverte après qu’elle ait posé avec un gant de caoutchouc sur la pochette de l’album Enema of the State de Blink 182. «Je suis plus belle qu’à mes débuts», confie-t-elle sur son site web, qui génère des rivières de sperme.

Quant à celles que l’on qualifie de «matures», toutes ont le look et la physionomie de dames âgées d’environ 55 ans. Les réputées «grannies» sont pour la plupart dans la dentelle de la soixantaine ou presque. Parfois même un peu plus. Et c’est le cas de la populaire Sandra Ann, véritable reine de beauté de 75 ans, facile à googler et qui ne souffre visiblement pas de continence. Sa peau ridée, ses orifices assouplis et son expérience évidente comptent parmi ses atouts. «?C’est la coqueluche de plusieurs acteurs noirs avec des pénis monstrueux, qui sont un peu las de l’étroitesse des vulves neuves», ajoute Carl, le webmestre de MyHomeClip.com. Malheu­reusement, impossible de contacter la dulcinée de l’âge d’or directement. Son entourage est strict: aucun journaliste ni fan ne troublera la tranquillité de la star, qui habite peut-être en catimini dans un foyer pour personnes âgées près de chez vous.

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Mémère Bouchard sur l’ecstasy

Mais qui sont ces aïeules à la cuisse légère qui encaissent par derrière via Paypal?

Contrairement à ce qu’on pourrait croire, ce ne sont pas d’anciennes actrices intronisées au Hall of Fame de la porno dans les années 70. En effet, la presque totalité des actrices cultes de nos enfances respectives sont d’heureuses retraitées, surtout lorsqu’elles vivent toujours. Les «grannies» qui nous intéressent ici sont pour la plupart de fraîches recrues triées sur le volet. Dans certains cas, ce sont plutôt d’anciennes prostituées avouées, qui jouissent pleinement de la vidéo-démocratisation. «?Je gagne au moins 1000?$ par semaine pour une vingtaine d’heures de job, tout en restant à la maison», résume Suzanne, de LiveSex.com.

Sans surprise, on compte aussi un lot impressionnant de trash ladies américaines fières des valeurs redneck qui proposent une porno indie genre micro-entreprise. Souvent aussi, il s’agit d’illus­tres inconnues d’Europe de l’Est payées à l’acte. Une chose est certaine, elles sont gaillardes, les bimbos croulantes. Fellation, sodo­mie, pénétration double, trip à trois, gang bang, bukkake: rien à voir avec Mémére Bouchard du Temps d’une Paix. La panoplie du sexe d’office en ligne étant respectée jusqu’à la dernière goutte.

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Grand-maman gâteau 2.0

Comme dirait le chanteur Francis Martin, on se donne aux femmes d’expérience dans notre civilisation occidentale moderne. Quand ce ne sont pas les délicieuses lectrices de nouvelles dites «matures», comme Pascale Nadeau, Céline Galipeau ou même Sophie Thibault et Colette Provencher, qui nous aguichent subtilement pour nous tenir en haleine jusqu’au retour de la pause, ce sont les Desperate Housewives et autres comédiennes couguars à la fraîcheur tout aussi délectable qu’à leurs débuts qui se relaient au petit écran pour nous garder bien scotchés.

Les sites de rencontres mainstream comme Facebook sont eux aussi confrontés à la réalité des femmes d’expérience devenues fantasme banal. Sur son profil, Françoise de Plessisville, 58 ans, veuve joyeuse, s’affiche bronzée sur une plage à Cuba en bikini avec pare-choc en polymère. Même si elle a inscrit dans ses informations de profil qu’elle ne voulait rien savoir des calottes à l’envers, voire des moins de 50 ans, elle reçoit des propositions de pré-pubères cons­tamment. «Y a plein de petits gars qui veulent venir à la maison pour faire l’amour, dit-elle. C’est rendu que je réponds même plus!»

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À la barre des accusés, appelons Jonathan de Sainte-Foy, 22 ans, qui prône le jeunisme lorsqu’il est question de s’envoyer en l’air. Il a vécu sa première nuit d’amour avec une femme de l’âge de sa grand-maman dans un tout-inclus au Mexique, l’hiver dernier. Témoignage: «Elle suçait mon pénis avec tellement d’intensité, d’amour, de minutie… Comme si c’était sa dernière pipe ou sa dernière queue fraîche, plaide-t-il. Je ne me souviens pas de son nom, mais je me souviens d’avoir eu l’orgasme le plus puissant et intense de ma vie quand j’ai déchargé dans sa bouche!» Quand on lui demande s’il conseille à ses amis de tenter l’expérience avec un modèle antique, la réponse de l’étudiant au premier cycle en génie forestier est sans équivoque. «T-o-t-a-l-e-m-e-n-t!, lance-t-il avec enthousiasme. J’encourage tout le monde à le faire, surtout mes amis qui n’en peuvent plus des préparatifs qui durent trop longtemps avec les filles de notre âge.» Nul besoin de préciser que Jonathan regarde les femmes qui fréquentent les soirées bingo de son quartier autrement depuis son retour de voyage…

Nos galantes matriarches du web sont actuellement les grandes vedettes de la porno du web 2.0. Qui croit vraiment que les jeunes hommes (et femmes…), habitués pour la plupart à télécharger de la musique gratuitement, sont du genre à sortir la carte de crédit pour regarder du sexe sur Internet? Personne. Inversement, les vieux vicieux de la génération Viagra, habitués à payer pour la musique et autres services, redoutent beaucoup moins l’idée de flasher du cash en échange d’un peu d’amour cathodique. Qui disait que c’est à 30 ans que les femmes sont belles?

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