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J’écrivais mieux avant. Quand il n’y avait pas de jour ni de date. Maintenant, j’écris à la dernière minute. L’inspiration n’a plus rien à voir. C’était soit aujourd’hui ou soit en retard. Il y a un rendez-vous qu’il ne faut pas manquer, peu importe la valeur ajoutée. C’est sans doute pour cela que ceux qui font de l’écriture un métier se nourrissent d’actualités et d’évènements bien singuliers. Il se passe ceci et cela, mon opinion est celle de tout le monde avec des mots que j’ose définir comme miens, c’est à dire uniques. Bien sûr qu’ici, au Québec, il est permis de penser différemment et même de choquer, mais ce, pas n’importe comment. L’ouverture d’esprit a des balises bien définies.
« Tu peux penser et dire ce que tu veux, tant que tu ne remettes pas en question que la terre est plate. »
(Aviez-vous lu le 45e épisode?: Ne rien faire, ce n’est pas rien)
On a sans doute déjà dit ça à quelqu’un dans l’histoire.
Aujourd’hui, il y a sûrement encore des vérités, comme celles-ci, que les fous nous disent et que nous percevons comme des aberrations. À chaque époque, il y avait un fou qui avait raison. Qui peut bien être notre fou à nous?
Comme l’a déjà dit Bernard Werber : « Ce n’est pas parce qu’ils sont nombreux à avoir tort qu’ils ont raison. »
Les textes d’opinion n’ont de valeur que leur publication et une durée de vie bien éphémère. Ils ne sont pas comme les livres dont on relit certains passages plusieurs fois. Ces passages qui ont réussi à saisir l’homme complètement nu, sans tout ce qu’on lui a dit de faire ou de vouloir. Il n’y a pas beaucoup de phrases qui, une fois lues, nous donnent l’impression que les détails de notre quotidien sont perdus dans un monde beaucoup trop grand pour eux. Les textes ne sont lus qu’une seule fois et on y fait des « hahaha » ou des « hohoho » et c’est tout. Encore faut-il qu’ils ne soient pas trop longs pour qu’ils soient lus jusqu’à la fin.
Dans le milieu du marketing, on parle d’accroches, d’initiales et de durée d’attention de la cible. Il faut répéter le message que l’on veut livrer plusieurs fois pour que le client potentiel se souvienne. C’est sans doute vrai pour les choses dont on se fout éperdument. Le beau et le vrai n’ont pas besoin de telles stratégies, seuls les biens matériels et l’argent ont besoin de tels manèges pour acheter de l’attention.
C’est comme dans la séduction entre les hommes et les femmes. Il y en a qui croient qu’attendre une journée de plus avant d’appeler va influencer le résultat. Qu’il y a des façons de se faire aimer, que faire ceci soit mieux que cela. Pourtant, nous préférons tous que notre belle nous appelle tous les jours pour rien, qu’une autre nous appelle moins souvent, mais pour de plus grands évènements.
Certains textes sont populaires pour le moment, mais ils n’étaient pas là hier et ne seront certainement pas là demain. En public, rien qui n’est écrit ne surprend vraiment. Tout est comme convenu, on surveille les fautes et on est conscient des autres. La liberté d’expression est très grande, mais toujours dans un cadre bien rigide. Nous pouvons être tellement d’accord avec ceci et nous pouvons nous outrer de cela. Si on approche un sujet d’un certain angle, il y aura débat. Ceux qui sont « pour » diront exactement cela, ceux qui sont « contre » ne peuvent pas dire autre chose que ceci. Qui d’entre vous est surpris?
En société, nous partageons une opinion publique parmi celles qui nous sont proposées et il est même rendu que, même sur l’oreiller, nous ne sommes plus sûr de notre vraie pensée.
Néanmoins, même avec ces dates de tombée et ces sujets d’actualités, il y a parfois quelque chose de potable, mais les fruits que l’on trouve dans des pots sont tout de même un peu moins frais que ceux que l’on a cueillis pour vrai.
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David Malo
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