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Cela fait maintenant une semaine que je fais la vie de plage en Floride. J’habite dans un coin de retraités et de résidences secondaires pour des plaisanciers en vacances. Quand je fais mon jogging, tous les gens que je croise me saluent et sur la route, ils ont compris depuis longtemps que la courtoisie rend plus heureux que l’abus du klaxon et du doigt d’honneur. Tout est moins cher, il y a moins de taxes, il fait beau à l’année et ici, les urbanistes n’ont pas bâclé leur job. La seule ombre au tableau : je ne suis pas vraiment retraité.
(Aviez-vous lu le 27e épisode?: Demain est devenu aujourd’hui
On dit qu’une certaine période d’adaptation est nécessaire avant de décrocher complètement du quotidien que l’on avait avant notre départ. Après quelques jours, mon ancienne vie me semble déjà à des milliers de kilomètres d’ici, littéralement. Je ne pense pas du tout aux bières que je n’ai pas servies ce weekend et ne suis pas nostalgique de la météo de Montréal. (J’ai entendu dire qu’il faisait froid ces temps-ci).
Ici, c’est la belle vie. Pour les vrais retraités, le soleil, la plage, un quartier sécuritaire et une épicerie pas trop loin sont suffisants pour avoir la sérénité d’esprit. Toutefois, dans ce milieu de villégiature, l’imposteur que je suis n’est pas totalement en paix. Je sais que, dans un futur proche, j’aurai à trouver d’autres sources de revenus pour subvenir à mes besoins. Je ne reçois pas de chèque tous les mois et je vis sur des économies qui ne sont pas éternelles. Ce bonheur là, tel quel, a une date d’expiration.
La partie la plus ardue, ce n’est pas de s’habituer au sable entre les orteils, mais bien l’implémentation du changement souhaité dans nos schèmes intérieurs. Mis à part l’environnement physique, ici, il reste le même travail à accomplir qu’à la maison. Un livre, ça ne s’écrit pas tout seul et mon esprit est confronté aux mêmes distractions. Le simple fait de m’exiler ne me donne pas le courage nécessaire pour affronter le risque associé à l’entreprenariat ni la confiance requise pour réaliser des choses que je ne sais pas encore faire.
Également, comme vous l’avez sans doute constaté dans votre vie privée, s’imposer une discipline personnelle est un défi de taille, surtout quand nous n’avons pas à rendre de comptes à personne, ni d’horaire fixe. C’est beaucoup plus facile de se contenter de faire ce que les autres nous demandent et ne décevoir que soi-même est quelque chose auquel on s’habitue rapidement.
Présentement, après une semaine, j’anticipe déjà qu’à mon retour, je devrai retourner dans ce qui m’est familier afin d’arrêter l’hémorragie financière que ce type de voyage occasionne. Tout ce que je connais pour faire de l’argent, c’est de travailler pour un salaire horaire et pour faire un peu plus d’argent, avoir un salaire horaire avec pourboire.
Je ne m’imagine pas encore vivre autrement.
Par contre, malgré toutes ces incertitudes, j’ai pu constater que la paix d’esprit ne se trouve pas dans la projection d’un futur basé sur le passé, mais plutôt dans ce que l’on fait dans le présent pour construire le futur. Actuellement, je me concentre sur le plan A et j’essaie le moins possible de laisser le passé m’en faire douter.
Le 29e épisode est ICI.