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J’ai entendu le pire

Les aventures de l'homme moyen #5

Par
David Malo
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Souvent, on aime mieux rester avec le même rien plutôt de risquer d’entendre le pire qui peut nous être dit, mais en pratique, le pire qui peut nous être dit, c’est quand même mieux que rien.

(Aviez-vous lu le 4e épisode: Le très bon ordinaire ?)

Le jour de l’Halloween, je marchais dans la rue avec mon ami Alexis Henripin et devant le bar où je travaille, il y avait le tournage de l’émission de télévision Les détestables. Une détestable aînée, déguisée en Mario Bros sur un quadriporteur maquillé en go-kart, lançait des bombes, des champignons et des carapaces de tortues à des passants qui s’en foutaient. Je pense que les gens commencent à connaître le concept. Quand tu vois une personne âgée au comportement bizarre, tu agis comme s’il y avait des caméras.

L’équipe de tournage était cachée dans une fourgonnette et l’équipe de production tapie dans les entrées de commerce.

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Ayant l’intention de commencer à travailler sur les plateaux de tournage Alexis me dit :

« Je vais demander à la fille pour savoir s’ils ont besoin de monde de temps en temps.
– Ah ouin, tu veux faire ça maintenant.
– Oui, pourquoi pas ?
– Elle travaille… tu vas la déranger.
– Ce n’est pas grave ! »

Il se dirige vers la fille et je le suis un peu en retrait, en me disant qu’il est courageux, il s’en va demander quelque chose à quelqu’un. Il va s’exposer au pire, ce terrible pire qui nous empêche d’avoir le mieux : peut-être qu’ils ne cherchent personne!

Arrivé près d’elle, il la salue et lui dit :

« – Excusez-moi, je me demandais si vous aviez besoin d’aide pour les tournages de temps en temps ?
– Présentement, le tournage est presque fini, on wrap le spécial Halloween et la saison du même coup, mais si tu veux je vais te donner les coordonnées de la productrice et peut-être que pour les prochaines saisons…»

Ça y est, c’est arrivé ! Le pire s’est produit, mais étrangement, le pire nous procure un sentiment très positif. Le sentiment d’accomplissement que l’on ressent lorsqu’on a bien joué notre partie.

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En y réfléchissant, si le pire est quand même meilleur que le rien ou le statu quo, pourquoi ne le confrontons-nous pas plus souvent ? Et dans cette situation, qu’est-ce qui aurait pu être mieux ?

Que la fille lui dise :

« Oui, on a besoin tout de suite ! Voici un bloc-notes et un crayon, donne-moi ton adresse et ton numéro d’assurance sociale pour qu’on t’envoie un chèque. »

Ce scénario est fort improbable. Ce qui laisse croire que le pire, c’est en fait le mieux. Si on demande quelque chose aux gens, il n’y a que très peu de chances qu’ils se mettent à nous frapper avec des bâtons et nous couvrir d’insultes ou d’humiliations. Le pire mène inévitablement à la même chose qu’on avait avant ou à mieux.

Par simple logique, il faut donc oser un peu plus.

Dans le même ordre d’idée, j’ai vu un film avec Matt Damon cette semaine : We bought a Zoo. Dans ce film, la morale était que nous avons besoin d’être fous seulement 20 secondes par jour afin d’avancer dans la vie. C’est encore moins long que d’aller se faire cuire un œuf.

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Cette interaction avec la fille du tournage a duré à peu près ce temps-là. Peut-être que ça ne donnera rien, mais une chose qui est sûre, c’est qu’il y a plus de chances que ça donne quelque chose que s’il n’avait pas été un peu fou pendant ces 20 secondes.

Il faut se donner la chance d’entendre le pire qui peut nous être dit.

C’est cette folie que j’ai apprise à l’Halloween et je n’étais même pas déguisé.

David Malo
[email protected]
Twitter: @HommeMoyen

Le 6e épisode est ICI.