Guide de survie au vin pour les nuls

Ça vous est sûrement déjà arrivé, au restaurant peut-être, sous le regard plein de jugement d’un serveur impatient de vous corriger ; ou bien chez votre belle-famille, la main tremblante, en portant votre verre à la lumière d’un chandelier quétaine à essayer de comprendre ce que le père de votre blonde peut bien être en train d’admirer ; ou encore avec votre meilleur ami, qui jusqu’à tout récemment buvait lui aussi des bucks à $2 en regardant la game le samedi soir, mais qui a soudainement décidé de se mettre au Porto et autres vins avec des noms de villes portugaises que vous n’avez jamais visité.

Mais peu importe l’endroit, le fait est qu’on a tous été, au moins une fois dans sa vie, un peu gêné de ne pas savoir différencier un vin à 200 piasses d’un vin de depanneur. C’est pourquoi cette année, on vous présente cinq petits conseils à suivre pour passer à travers cette terrible épreuve qu’est la dégustation de vin, et ce avec le moins de cicatrices émotionnelles possible.

Conseil #1 : (Dans la vie comme au hockey) La meilleure attaque, c’est la défense
Être le premier à goûter le vin, c’est un peu comme devoir réciter une prière avant de souper : toute l’attention est sur toi. Fait que si t’es pas une brebis du Seigneur mais que t’es trop gêné pour confesser ton ignorance, pis que là ton beau-père insiste pour te donner le spotlight, ta meilleure option est probablement d’inventer une raison pour déléguer le privilège à quelqu’un d’autre. Par exemple, tu peux expliquer que tout les résidus de sucre provenant du ginger ale que tu as calé sur ton chemin du resto risquent de biaiser ton analyse.

Si tu manques d’imagination, tu peux aussi surveiller le serveur de l’œil et te pousser au petit coin quand tu le vois arriver, mais c’est moins classe, mettons.

Conseil #2 : Écoute le serveur
Au cas où tu ne pourrais pas t’en sauver, ne panique surtout pas : en apportant le vin, le serveur se fera un plaisir de commenter à souhait le divin nectar qu’il s’apprête à vous faire boire, alors retiens ce qu’il dit! En cas d’urgence, la phrase-clé sera : « C’est vrai qu’il est (insérer n’importe quel mot prononcé par le serveur), par contre, je m’attendais à plus (insérer n’importe quel autre mot prononcé par le serveur). Si le serveur est muet (ou agréable ou conscient que tu t’en crisse) ou que vous n’êtes pas au restaurant, alors passe au conseil suivant.

Conseil #3 : Au besoin, invente
Si t’es vraiment mal pris, le mot-clé est « ponctuel ». Pourquoi? Parce que c’est un terme qui n’existe pas vraiment, alors si tu le dis assez sérieusement, quelqu’un va forcément te poser la question « de qu’esse-c’est-que-tu parles? ». À ça, tu répondras qu’il s’agit d’un terme typique du Douro que tu as ramassé malgré toi la dernière fois que tu es allé là-bas, et qui signifie un vin que l’goût arrive vite en bouche. Fais ainsi d’une pierre deux coups en semi-sauvant la face, tout en identifiant les autres imposteurs assis à la table (soit ceux qui valideront ton commentaire d’un léger haussement de sourcils et d’un hochement de tête).

Conseil #4 : Garde ça simple
Certains termes ne valent pas la peine d’être appris par cœur, et encore moins compris, alors choisis tes combats : ne perd pas de temps à apprendre des termes comme “foxé”.

Pourquoi? Parce que le terme foxé se réfère “à l’odeur, entre celle du renard et celle de la punaise (oui, oui, de punaise), que dégage le vin produit à partir de certains cépages hybrides”.

That’s pourquoi.

Conseil #5 : Les bulles, ça veut dire silence
Rendu le 31 décembre à 11h59 et 59 secondes, quand viendra le temps de popper le champagne (ou autre vin mousseux), ne tente surtout pas de commenter ledit breuvage : personne ne va t’écouter de toute façon, alors profite de la fête et frenche en masse, car tu as survécu comme un champion et tu peux maintenant relaxer un peu. Bravo, petit sommelier en herbe!

(P.S. Si tu fêtes Noël dans le Sud et qu’on te sert de la sangria, c’est comme avec les bulles : essaye pas de faire ton smatte. Parce que regarder un verre de sangria d’un air hautain en te plaignant que la robe de ton vin est donc ben grumeuleuse, c’est pas très winner.