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La photo de brunch que t’as publiée sur Instagram dimanche dernier dégage un petit quelque chose de malsain.
On a presque tous déjà, avec notre iPhone tout neuf dans un restaurant populaire ou réputé, envoyé une photo de notre (visuellement) délicieuse bouffe sur un réseau social quelconque. On l’a peut-être fait pour suivre les autres, pour sauter sur le bandwagon #foodie rempli de reluisantes tomates et de juteuses pêches. On l’a peut-être aussi fait pour montrer aux autres nos goûts en matière de restos ou implicitement vanter nos skills culinaires ou ceux de nos amis. On a tous déjà vu, peut-être liké, une photo top view d’une exquise assiette bien montée.
C’est lourd. C’est fucking lourd un newsfeed rempli de photos de bouffe publiées par des #foodies. On les croirait en recherche de likes et d’approbation, comme s’ils n’en avaient que pour la beauté de leur assiette et la réaction qu’auront leurs amis virtuels quand ça va se retrouver sur Instagram.
Comme si être #foodie, c’était essayer de s’inventer une identité d’aimeur de bon manger. Quelques photos en top view d’une sauce à spag cuisinée à partir de tomates du Québec, quelques boards Pinterest pour s’inspirer, partage de quelques recettes de Ricardo sur son mur et hop!, un #foodie est né. Le nouveau #foodie sera probablement #vegan en plus, question de suivre la mode culinaire du moment (et ce, même si être vegan est probablement PIRE pour la planète que de manger de la viande).
Je peux comprendre que t’aimes manger, que t’aimes la bouffe, que t’aimes les belles affaires pis que t’aimes recevoir un peu d’amour via Instagram. Mais quand t’es rendu au point où tu t’es tellement obsédé par tes photos de bouffe que tu perds ton temps sur le web à chercher comment agencer ton quinoa à tes branches de thym, tu le fais par obsession de l’apparence. Pas par amour de la bouffe.
Cette quête de branding personnel sur le web n’est pas exclusive aux #foodies. Bien des gens vont s’intéresser à la mode dans le but de se faire valoir dans du beau linge sur un lookbook bien léché ou se mettre une couronne de fleurs sur le crâne à Osheaga en espérant se retrouver dans les photos du Nightlife le lendemain.
C’est là que ça devient nocif. Cette superficialité déguisée nous rend de plus en plus orientés vers le tout-au-paraître. Tout devient une question d’avoir l’air de. Se définir comme. Faire semblant que.
Et le paraître #foodie ne fait pas exception à cette règle. Ça se peut que tu tripes sur la bouffe, que tu manges bio et local, que tu « respectes le produit » de façon exemplaire et que t’encourages ton entourage à mieux consommer. Tant mieux. Mais si t’aimes tant que ça la bouffe, t’as pas besoin de le CRIER SUR TOUS LES TOITS VIA FACEBOOK ET INSTAGRAM DANS LE BUT QUE LES GENS COMPRENNENT QUE T’AIMES LA BOUFFE. C’est pas nécessaire.
Y’a assez de trucs intéressants et essentiels sur les internets pour que tu perdes 15 minutes de ton temps à agencer ton assiette de homard à ton verre de vin et ton petit napperon fleuri. Apprécie donc ta bouffe avant que ça devienne froid pis que tu doives la câlicer au micro-ondes parce que tu voulais impressionner tes amis Instagram.
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