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La ville de la semaine: Lavaltrie

Par
Pascale Richard
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Il y a trois ans, je suis dĂ©mĂ©nagĂ©e Ă  Lavaltrie. Avant ça, j’y avais mis les pieds deux fois, dans des contextes qui ne laissaient en rien prĂ©sager que je m’y Ă©tablirais un jour.

L’adolescente joliettaine que j’étais y avait dĂ©nichĂ© son premier emploi d’été : cueilleuse de fraises Ă  la ferme Auclair, « le paradis de la fraise ». Sinon, j’avais aussi frĂ©quentĂ© Ă  quelques reprises cet Ă©tablissement vraiment cool pour les jeunes – et dont le nom m’échappe, oĂč on pouvait faire du patin Ă  roues alignĂ©es intĂ©rieur pendant des heures, au rythme des meilleurs tounes de boom-boom du moment. Une quinzaine d’annĂ©es plus tard, la place de rollerblade a fermĂ©, mais il reste encore plusieurs beaux champs de fraises et plein d’autres affaires, dont je vous parle ici.

1. GĂ©ographie 101 : Lavaltrie, c’est pas Laval

Non, Lavaltrie n’est pas une extension de Laval, comme plusieurs personnes plus ou moins attentives en gĂ©nĂ©ral ou peu calĂ©es en gĂ©ographie semblent le penser. Ça se trouve aussi sur la rive-nord de MontrĂ©al, c’est vrai. Mais c’est pas Laval : c’est Laval-trie. Une petite ville de quelques 13 000 habitants, entre Repentigny et Berthierville. Ben oui, t’sais lĂ , la place de la Chasse-Galerie? Pour ceux qui ne connaissent pas bien leurs lĂ©gendes quĂ©bĂ©coises, voici un petit catch up : c’est l’histoire d’une gang de bĂ»cherons qui travaillent dur sur leur chantier, quelque part dans le Nord, en plein hiver, et lĂ  y’en a un qui se ramasse avec une envie irrĂ©pressible de voir sa blonde, la belle Lise, pis Lise, elle habite Ă  Lavaltrie, ça fait qu’ils font un pacte avec le diable, qui leur permet de s’y rendre en canot volant, dans le ciel. On s’en doute, le fait qu’on soit au cƓur d’une lĂ©gende est pas mal mis de l’avant ici : ça fait de la belle culture. On peut apercevoir le fameux canot sur la pancarte Ă  l’entrĂ©e de la ville et on a mĂȘme une Maison des Contes et lĂ©gendes. Par contre, j’ignore combien de Lavaltrois y ont dĂ©jĂ  mis les pieds et combien sauraient rĂ©sumer ladite lĂ©gende Ă  des « étrangers », mettons. (Mais bon, c’est pas si grave, j’imagine.)

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2. Une ville de motards, qu’y disent

Lavaltrie passe encore aujourd’hui pour une ville de motards. C’est vrai qu’il n’y a pas si longtemps, un gros chĂąteau se dressait Ă  l’entrĂ©e de la ville, aux abords de l’autoroute 40. La cossue demeure appartenait, vous l’aurez devinĂ©, Ă  un club-Ă©cole des Anges de l’Enfer. Il est aussi vrai que dans les annĂ©es 60, Lavaltrie a comptĂ© parmi ses rĂ©sidents un roi de la pĂšgre montrĂ©alaise – et lutteur Ă  ses heures – en la personne de Vic « The Egg » Cotroni. Ajoutez Ă  cela la lĂ©gende urbaine voulant que Monica la Mitraille ait passĂ© tout un Ă©tĂ© ici dans les mĂȘmes annĂ©es, et vous avez de quoi engraisser une rĂ©putation. Encore aujourd’hui, peut-ĂȘtre Ă  cause de ces quelques gigantesques baraques qui bordent le fleuve, il s’en trouve Ă  penser qu’à Lavaltrie, l’opulence, c’est louche.

3. Sortir dans le coin

Il faut le dire, on a ici un cafĂ© culturel assez extraordinaire, merci. La Chasse-Galerie (eh oui, encore elle), bien cachĂ©e derriĂšre la Maison des contes et lĂ©gendes sur Notre-Dame, est vraiment un lieu Ă  dĂ©couvrir. C’est tout en bois, plein de cachet et la programmation est pas mal du tout. On s’entend, les billets qui se vendent comme des petits pains chauds, ce sont ceux pour Hugo Lapointe et
 Jonathan Painchaud. Mais Lisa Leblanc, Bernard Adamus et SalomĂ© Leclerc ont aussi affichĂ© complet ces derniers mois. C’est bon signe. Si vous voulez essayer autre chose, il reste deux autres bars, collĂ©s l’un Ă  l’autre, dans le fin fond des Galeries Lavaltrie : le BonsaĂŻ et le Tour-Bi-On (oui oui, c’est comme ça que ça s’écrit). Je suis allĂ©e faire un tour au BonsaĂŻ, il y a peut-ĂȘtre un an. C’était pas mal plein, parce que c’était la soirĂ©e hebdomadaire de karaokĂ©. Dans le fond du bar, il y avait un jeu d’arcade, oĂč on pouvait gagner un dildo en enlignant une dizaine de points bleus en une colonne bien droite. Depuis le temps, j’imagine qu’un champion a rĂ©ussi Ă  mettre la main dessus..

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4. La gastronomie lavaltroise

Est-ce que ça existe vraiment, ça? Non. Par contre, je souhaite recommander vivement trois endroits Ă  ceux qui souhaiteraient nous visiter un moment donnĂ©. Un soir oĂč vous assisterez Ă  un spectacle Ă  la Chasse-Galerie, par exemple, allez manger au Naga, un restaurant asiatique qui a ouvert il y a un an ou deux. Ramassez-vous une bouteille pas pire Ă  la SAQ et pointez-vous lĂ . C’est sans prĂ©tention et tout est bon. Aussi, mettons que vous dĂ©cidez de faire du camping dans votre char aprĂšs ledit spectacle Ă  la Chasse-Galerie, ça va vous prendre une place agrĂ©able pour aller dĂ©jeuner le matin. TraĂźnez-vous jusqu’au cafĂ© GoĂ»t et dĂ©lices, juste Ă  cĂŽtĂ© du Naga! Les petites patates sont vraiment bonnes, et vous serez sĂ»rement servi par ma serveuse prĂ©fĂ©rĂ©e, la belle Lyne – qui travaille aussi au Patrick Morin. Finalement, si vous avez envie d’une crĂšme à’ glace de mongole, allez Ă  la CrĂšmerie Avalanche, et commandez un mammouth. Une fois que c’est avalĂ©, sĂ©lectionnez une pelouse de votre choix dans les environs et laissez-vous rouler dessus.

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5. Le Fleuve, c’est quelque chose de beau et il faut en profiter

Dans les annĂ©es 50, toutes les demeures situĂ©es entre la rue Notre-Dame et le Fleuve St-Laurent Ă©taient des lieux de villĂ©giature. C’était des chalets oĂč les gens venaient passer l’étĂ© ou encore les rĂ©sidences secondaires de personnes aisĂ©es. Avec le temps, tous ces endroits ont Ă©tĂ© convertis en maisons quatre saisons. Ces rues, qu’on appelle les « terrasses », sont gĂ©nĂ©ralement calmes, remplies de grands arbres, et offrent de jolis points de vue sur le Fleuve. Je prĂ©fĂšre nettement cette partie de la ville aux nouveaux quartiers rĂ©sidentiels qui poussent Ă  gauche Ă  droite, mais bon, c’est personnel. Aussi, on a un espace vraiment bien en la Promenade Desjardins et le parc GĂ©rard-LavallĂ©e, situĂ©s au bout de la rue Saint-Antoine, drette en face du fleuve. Depuis l’étĂ© dernier, on y prĂ©sente des spectacles en plein air. La semaine passĂ©e, c’était Martin Deschamps, mais j’y ai vu Radio Radio l’étĂ© passĂ©, et c’était vraiment plaisant et rempli de gens. En septembre, la ville y accueillera aussi pour la premiĂšre fois le Pouzza Pelouza, un festival punk. YĂ©.

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6. Lavaltrie en sports (nos belles activités)

En dehors des classiques offerts dans toute bonne petite ville de rĂ©gion (soccer, baignade, tennis, baseball), il est possible de pratiquer des activitĂ©s sportives un peu plus edgy en sol lavaltrois. Nous avons d’abord le salon de quilles Le Magnifique, dont le stationnement est presque toujours archi-plein. J’y suis allĂ©e quelques fois et il y avait lĂ  de la bien belle ambiance. Sinon, deux Ă©vĂ©nements amĂšnent leur lot de touristes dans le coin, l’étĂ© venu : les courses de motoneige sur l’eau (!) et le Jamboree 4X4 extrĂȘme, un happening de type Monster Truck. Cette annĂ©e, ça nous a amenĂ© 3000 personnes. D’ailleurs, si tu tapes « Lavaltrie » dans Youtube, c’est essentiellement des beaux vidĂ©os avec des gros camions qui revirent Ă  l’envers que tu vas trouver. Finalement, sur une note plus soft, on a depuis deux ans un tournoi estival de ballon-chasseur. Moi, ça me parle un peu plus.

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7. Lavaltrie dans les médias

Lavaltrie est rarement « au cƓur de la nouvelle ». Tristement, quand on parle de nous, c’est souvent en termes de faits divers, notamment Ă  cause des nombreux accidents de la route Ă  survenir sur notre territoire. Plusieurs sont mortels. Je n’ai pas de chiffres exacts, mais depuis que j’ai emmĂ©nagĂ©e ici, j’en ai vus plus que jamais dans ma vie. Sur une note vraiment plus lĂ©gĂšre, certains se souviendront peut-ĂȘtre que nous avions dĂ©frayĂ© les manchettes l’an dernier grĂące Ă  Luc Beaudoin, un prĂȘtre assez spĂ©cial qui pratiquait des exorcismes Ă  Lavaltrie. Il avait Ă©tĂ© filmĂ© par l’équipe d’Infoman lors d’une confĂ©rence donnĂ©e Ă  l’Église, oĂč il prĂ©venait les fidĂšles de ne pas niaiser avec Ouija et les masques africains.

Il y a Ă©galement la Boucherie Viking qui a fait parler d’elle sur les ondes du 98,5 l’an passĂ©. Le proprio, amateur de hockey, avait eu une idĂ©e de gĂ©nie : pour chaque but comptĂ© par Scott Gomez, tout le monde aurait droit Ă  un paquet de soucisses gratis. Rendu au milieu de la saison, il commençait Ă  passer pour un cheap, alors il a changĂ© Scott Gomez pour Eric Cole. LĂ , c’était une vraie belle aubaine!

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8. Des commerces qui se démarquent

Le type de commerces qu’on possĂšde le plus Ă  Lavaltrie, ce sont des pizzerias et des salons de coiffeuses (dont un barbier vraiment sympathique, qu’on appelle Figaro, reconnu pour ses belles coupes en brosse et ses jolis tours d’oreille). On a aussi plusieurs antiquaires sur Notre-Dame, dont le charmant Monsieur Picard, 82 ans, qui va « fermer ses portes le jour oĂč sa femme va fermer le couvercle. » Y’a la Fantaisie du Dollar qui pogne pas mal, pour ses bons prix et son bar Ă  hĂ©lium hallucinant. Pas loin de lĂ , en diagonale, il y a le commerce qui m’avait le plus intriguĂ©e quand on Ă©tait venu visiter pour la premiĂšre fois : la serrurerie XXX. Eh oui, le monsieur a dĂ©cidĂ© de combiner deux commerces sous un mĂȘme toit : un sex-shop et une serrurerie. Il fait aussi de la gravure sur des trophĂ©es et vend des cadeaux de style mĂ©diĂ©val. Quand mĂȘme original. Moi, je pense qu’il aurait dĂ» appeler sa place « La clĂ© du plaisir ». Me semble.

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9. Nos vedettes locales

J’ai fouillĂ© pour en trouver, mais mes recherches se sont soldĂ©es en Ă©chec. Par contre, il y a deux rappers qui commencent Ă  se monter un pas pire crew Ă  Lavaltrie. Je les ai vus en premiĂšre partie de Radio Radio l’étĂ© dernier – plusieurs fans portaient des t-shirts Ă  leur effigie. Ils sont VM Le Grosgras et Psykopas Gregwar. Je n’ai pas nĂ©cessairement envie de me prononcer ici sur ce qu’ils font, mais ces gars-lĂ  ont Lavaltrie tatouĂ©e sur le cƓur, c’est clair.

10. En vrac (d’autres affaires qui font qu’on se dĂ©marque)

*On n’a peut-ĂȘtre pas beaucoup de stars lavaltroises, mais des Ă©toiles dans le ciel, on en a en tabarouette. SĂ©rieusement, il faudrait organiser un concours d’étoiles, Ă  savoir Ă  partir d’oĂč on peut en observer le plus au QuĂ©bec. Je poserais notre candidature sur le champ.
*Ruth Ellen Brosseau, la dĂ©putĂ©e du NPD qui Ă©tait partie chiller Ă  Las Vegas, c’est moi qui l’a. MĂȘme qu’on est la premiĂšre ville oĂč elle a mis les pieds quand elle a Ă©tĂ© Ă©lue. C’est. Pas. Rien.
*Nous autres, on a dĂ©jĂ  eu de vĂ©ritables palmiers, plantĂ©s Ă  l’entrĂ©e de la ville. C’était la « petite folie » d’un entrepreneur de bonne ossature, reconnu dans le coin pour ses moyens financiers et les grosses affaires qu’ils brassent Ă  gauche, Ă  droite. Il semble qu’il voulait organiser un gros party de style Club Med pour ses employĂ©s. Je ne sais pas si le party a eu lieu, mais toujours est-il qu’un beau matin d’hiver, les palmiers avaient disparu. Depuis ce temps-lĂ , on est un peu moins exotique.

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Pascale Richard signe le blogue Chroniques Lavaltroises

NDLR: Urbania mettant Lavaltrie à l’honneur cette semaine, nous offrons
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