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Il y a trois ans, je suis dĂ©mĂ©nagĂ©e Ă Lavaltrie. Avant ça, jây avais mis les pieds deux fois, dans des contextes qui ne laissaient en rien prĂ©sager que je mây Ă©tablirais un jour.
Lâadolescente joliettaine que jâĂ©tais y avait dĂ©nichĂ© son premier emploi dâĂ©té : cueilleuse de fraises Ă la ferme Auclair, « le paradis de la fraise ». Sinon, jâavais aussi frĂ©quentĂ© Ă quelques reprises cet Ă©tablissement vraiment cool pour les jeunes â et dont le nom mâĂ©chappe, oĂč on pouvait faire du patin Ă roues alignĂ©es intĂ©rieur pendant des heures, au rythme des meilleurs tounes de boom-boom du moment. Une quinzaine dâannĂ©es plus tard, la place de rollerblade a fermĂ©, mais il reste encore plusieurs beaux champs de fraises et plein dâautres affaires, dont je vous parle ici.
1. GĂ©ographie 101 : Lavaltrie, câest pas Laval
Non, Lavaltrie nâest pas une extension de Laval, comme plusieurs personnes plus ou moins attentives en gĂ©nĂ©ral ou peu calĂ©es en gĂ©ographie semblent le penser. Ăa se trouve aussi sur la rive-nord de MontrĂ©al, câest vrai. Mais câest pas Laval : câest Laval-trie. Une petite ville de quelques 13 000 habitants, entre Repentigny et Berthierville. Ben oui, tâsais lĂ , la place de la Chasse-Galerie? Pour ceux qui ne connaissent pas bien leurs lĂ©gendes quĂ©bĂ©coises, voici un petit catch up : câest lâhistoire dâune gang de bĂ»cherons qui travaillent dur sur leur chantier, quelque part dans le Nord, en plein hiver, et lĂ yâen a un qui se ramasse avec une envie irrĂ©pressible de voir sa blonde, la belle Lise, pis Lise, elle habite Ă Lavaltrie, ça fait quâils font un pacte avec le diable, qui leur permet de sây rendre en canot volant, dans le ciel. On sâen doute, le fait quâon soit au cĆur dâune lĂ©gende est pas mal mis de lâavant ici : ça fait de la belle culture. On peut apercevoir le fameux canot sur la pancarte Ă lâentrĂ©e de la ville et on a mĂȘme une Maison des Contes et lĂ©gendes. Par contre, jâignore combien de Lavaltrois y ont dĂ©jĂ mis les pieds et combien sauraient rĂ©sumer ladite lĂ©gende Ă des « étrangers », mettons. (Mais bon, câest pas si grave, jâimagine.)
2. Une ville de motards, quây disent
Lavaltrie passe encore aujourdâhui pour une ville de motards. Câest vrai quâil nây a pas si longtemps, un gros chĂąteau se dressait Ă lâentrĂ©e de la ville, aux abords de lâautoroute 40. La cossue demeure appartenait, vous lâaurez devinĂ©, Ă un club-Ă©cole des Anges de lâEnfer. Il est aussi vrai que dans les annĂ©es 60, Lavaltrie a comptĂ© parmi ses rĂ©sidents un roi de la pĂšgre montrĂ©alaise â et lutteur Ă ses heures â en la personne de Vic « The Egg » Cotroni. Ajoutez Ă cela la lĂ©gende urbaine voulant que Monica la Mitraille ait passĂ© tout un Ă©tĂ© ici dans les mĂȘmes annĂ©es, et vous avez de quoi engraisser une rĂ©putation. Encore aujourdâhui, peut-ĂȘtre Ă cause de ces quelques gigantesques baraques qui bordent le fleuve, il sâen trouve Ă penser quâĂ Lavaltrie, lâopulence, câest louche.
3. Sortir dans le coin
Il faut le dire, on a ici un cafĂ© culturel assez extraordinaire, merci. La Chasse-Galerie (eh oui, encore elle), bien cachĂ©e derriĂšre la Maison des contes et lĂ©gendes sur Notre-Dame, est vraiment un lieu Ă dĂ©couvrir. Câest tout en bois, plein de cachet et la programmation est pas mal du tout. On sâentend, les billets qui se vendent comme des petits pains chauds, ce sont ceux pour Hugo Lapointe et⊠Jonathan Painchaud. Mais Lisa Leblanc, Bernard Adamus et SalomĂ© Leclerc ont aussi affichĂ© complet ces derniers mois. Câest bon signe. Si vous voulez essayer autre chose, il reste deux autres bars, collĂ©s lâun Ă lâautre, dans le fin fond des Galeries Lavaltrie : le BonsaĂŻ et le Tour-Bi-On (oui oui, câest comme ça que ça sâĂ©crit). Je suis allĂ©e faire un tour au BonsaĂŻ, il y a peut-ĂȘtre un an. CâĂ©tait pas mal plein, parce que câĂ©tait la soirĂ©e hebdomadaire de karaokĂ©. Dans le fond du bar, il y avait un jeu dâarcade, oĂč on pouvait gagner un dildo en enlignant une dizaine de points bleus en une colonne bien droite. Depuis le temps, jâimagine quâun champion a rĂ©ussi Ă mettre la main dessus..
4. La gastronomie lavaltroise
Est-ce que ça existe vraiment, ça? Non. Par contre, je souhaite recommander vivement trois endroits Ă ceux qui souhaiteraient nous visiter un moment donnĂ©. Un soir oĂč vous assisterez Ă un spectacle Ă la Chasse-Galerie, par exemple, allez manger au Naga, un restaurant asiatique qui a ouvert il y a un an ou deux. Ramassez-vous une bouteille pas pire Ă la SAQ et pointez-vous lĂ . Câest sans prĂ©tention et tout est bon. Aussi, mettons que vous dĂ©cidez de faire du camping dans votre char aprĂšs ledit spectacle Ă la Chasse-Galerie, ça va vous prendre une place agrĂ©able pour aller dĂ©jeuner le matin. TraĂźnez-vous jusquâau cafĂ© GoĂ»t et dĂ©lices, juste Ă cĂŽtĂ© du Naga! Les petites patates sont vraiment bonnes, et vous serez sĂ»rement servi par ma serveuse prĂ©fĂ©rĂ©e, la belle Lyne â qui travaille aussi au Patrick Morin. Finalement, si vous avez envie dâune crĂšme Ă â glace de mongole, allez Ă la CrĂšmerie Avalanche, et commandez un mammouth. Une fois que câest avalĂ©, sĂ©lectionnez une pelouse de votre choix dans les environs et laissez-vous rouler dessus.
5. Le Fleuve, câest quelque chose de beau et il faut en profiter
Dans les annĂ©es 50, toutes les demeures situĂ©es entre la rue Notre-Dame et le Fleuve St-Laurent Ă©taient des lieux de villĂ©giature. CâĂ©tait des chalets oĂč les gens venaient passer lâĂ©tĂ© ou encore les rĂ©sidences secondaires de personnes aisĂ©es. Avec le temps, tous ces endroits ont Ă©tĂ© convertis en maisons quatre saisons. Ces rues, quâon appelle les « terrasses », sont gĂ©nĂ©ralement calmes, remplies de grands arbres, et offrent de jolis points de vue sur le Fleuve. Je prĂ©fĂšre nettement cette partie de la ville aux nouveaux quartiers rĂ©sidentiels qui poussent Ă gauche Ă droite, mais bon, câest personnel. Aussi, on a un espace vraiment bien en la Promenade Desjardins et le parc GĂ©rard-LavallĂ©e, situĂ©s au bout de la rue Saint-Antoine, drette en face du fleuve. Depuis lâĂ©tĂ© dernier, on y prĂ©sente des spectacles en plein air. La semaine passĂ©e, câĂ©tait Martin Deschamps, mais jây ai vu Radio Radio lâĂ©tĂ© passĂ©, et câĂ©tait vraiment plaisant et rempli de gens. En septembre, la ville y accueillera aussi pour la premiĂšre fois le Pouzza Pelouza, un festival punk. YĂ©.
6. Lavaltrie en sports (nos belles activités)
En dehors des classiques offerts dans toute bonne petite ville de rĂ©gion (soccer, baignade, tennis, baseball), il est possible de pratiquer des activitĂ©s sportives un peu plus edgy en sol lavaltrois. Nous avons dâabord le salon de quilles Le Magnifique, dont le stationnement est presque toujours archi-plein. Jây suis allĂ©e quelques fois et il y avait lĂ de la bien belle ambiance. Sinon, deux Ă©vĂ©nements amĂšnent leur lot de touristes dans le coin, lâĂ©tĂ© venu : les courses de motoneige sur lâeau (!) et le Jamboree 4X4 extrĂȘme, un happening de type Monster Truck. Cette annĂ©e, ça nous a amenĂ© 3000 personnes. Dâailleurs, si tu tapes « Lavaltrie » dans Youtube, câest essentiellement des beaux vidĂ©os avec des gros camions qui revirent Ă lâenvers que tu vas trouver. Finalement, sur une note plus soft, on a depuis deux ans un tournoi estival de ballon-chasseur. Moi, ça me parle un peu plus.
7. Lavaltrie dans les médias
Lavaltrie est rarement « au cĆur de la nouvelle ». Tristement, quand on parle de nous, câest souvent en termes de faits divers, notamment Ă cause des nombreux accidents de la route Ă survenir sur notre territoire. Plusieurs sont mortels. Je nâai pas de chiffres exacts, mais depuis que jâai emmĂ©nagĂ©e ici, jâen ai vus plus que jamais dans ma vie. Sur une note vraiment plus lĂ©gĂšre, certains se souviendront peut-ĂȘtre que nous avions dĂ©frayĂ© les manchettes lâan dernier grĂące Ă Luc Beaudoin, un prĂȘtre assez spĂ©cial qui pratiquait des exorcismes Ă Lavaltrie. Il avait Ă©tĂ© filmĂ© par lâĂ©quipe dâInfoman lors dâune confĂ©rence donnĂ©e Ă lâĂglise, oĂč il prĂ©venait les fidĂšles de ne pas niaiser avec Ouija et les masques africains.
Il y a Ă©galement la Boucherie Viking qui a fait parler dâelle sur les ondes du 98,5 lâan passĂ©. Le proprio, amateur de hockey, avait eu une idĂ©e de gĂ©nie : pour chaque but comptĂ© par Scott Gomez, tout le monde aurait droit Ă un paquet de soucisses gratis. Rendu au milieu de la saison, il commençait Ă passer pour un cheap, alors il a changĂ© Scott Gomez pour Eric Cole. LĂ , câĂ©tait une vraie belle aubaine!
8. Des commerces qui se démarquent
Le type de commerces quâon possĂšde le plus Ă Lavaltrie, ce sont des pizzerias et des salons de coiffeuses (dont un barbier vraiment sympathique, quâon appelle Figaro, reconnu pour ses belles coupes en brosse et ses jolis tours dâoreille). On a aussi plusieurs antiquaires sur Notre-Dame, dont le charmant Monsieur Picard, 82 ans, qui va « fermer ses portes le jour oĂč sa femme va fermer le couvercle. » Yâa la Fantaisie du Dollar qui pogne pas mal, pour ses bons prix et son bar Ă hĂ©lium hallucinant. Pas loin de lĂ , en diagonale, il y a le commerce qui mâavait le plus intriguĂ©e quand on Ă©tait venu visiter pour la premiĂšre fois : la serrurerie XXX. Eh oui, le monsieur a dĂ©cidĂ© de combiner deux commerces sous un mĂȘme toit : un sex-shop et une serrurerie. Il fait aussi de la gravure sur des trophĂ©es et vend des cadeaux de style mĂ©diĂ©val. Quand mĂȘme original. Moi, je pense quâil aurait dĂ» appeler sa place « La clĂ© du plaisir ». Me semble.
9. Nos vedettes locales
Jâai fouillĂ© pour en trouver, mais mes recherches se sont soldĂ©es en Ă©chec. Par contre, il y a deux rappers qui commencent Ă se monter un pas pire crew Ă Lavaltrie. Je les ai vus en premiĂšre partie de Radio Radio lâĂ©tĂ© dernier â plusieurs fans portaient des t-shirts Ă leur effigie. Ils sont VM Le Grosgras et Psykopas Gregwar. Je nâai pas nĂ©cessairement envie de me prononcer ici sur ce quâils font, mais ces gars-lĂ ont Lavaltrie tatouĂ©e sur le cĆur, câest clair.
10. En vrac (dâautres affaires qui font quâon se dĂ©marque)
*On nâa peut-ĂȘtre pas beaucoup de stars lavaltroises, mais des Ă©toiles dans le ciel, on en a en tabarouette. SĂ©rieusement, il faudrait organiser un concours dâĂ©toiles, Ă savoir Ă partir dâoĂč on peut en observer le plus au QuĂ©bec. Je poserais notre candidature sur le champ.
*Ruth Ellen Brosseau, la dĂ©putĂ©e du NPD qui Ă©tait partie chiller Ă Las Vegas, câest moi qui lâa. MĂȘme quâon est la premiĂšre ville oĂč elle a mis les pieds quand elle a Ă©tĂ© Ă©lue. Câest. Pas. Rien.
*Nous autres, on a dĂ©jĂ eu de vĂ©ritables palmiers, plantĂ©s Ă lâentrĂ©e de la ville. CâĂ©tait la « petite folie » dâun entrepreneur de bonne ossature, reconnu dans le coin pour ses moyens financiers et les grosses affaires quâils brassent Ă gauche, Ă droite. Il semble quâil voulait organiser un gros party de style Club Med pour ses employĂ©s. Je ne sais pas si le party a eu lieu, mais toujours est-il quâun beau matin dâhiver, les palmiers avaient disparu. Depuis ce temps-lĂ , on est un peu moins exotique.
Pascale Richard signe le blogue Chroniques Lavaltroises
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