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Carnet de bord d’une lourdaude sur la 132 : Deuxième partie
Ce matin, je me suis réveillée avec l’excitation d’aller voir le paysage et une envie de m’évanouir de fatigue. Quatre heures de sommeil. Qua-tre. Heures.
Oui, les vagues. Le soleil. Pis toutes. Mais bon…
J’ai trente-trois ans et les poches sous mes yeux se sont frayées un chemin jusqu’à mes rotules.
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Pour lire le volet 1 du roadtrip d’Ines Talbi en Gaspésie, c’est par ICI!
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Donc, je me laisse tomber en bas de mon lit (question de faire peur à ma paresse et qu’elle fuit à jamais).
Je rampe tel un morse jusqu’au café-capsule de la chambre d’hôtel. Je l’avale comme une bière de springbreak. Je roule jusqu’à la douche et je prie les dieux pour ressaisir mes esprits. Ça. Fonctionne. Pas pire.
8 h 15 : Je descends au resto de l’hôtel pour rejoindre ma nouvelle gang… Je croise Alexandre Taillefer et Philippe Fehmiu qui semblent frais comme des roses (ça me gosse puisqu’ils étaient loin d’être couchés quand je les ai quittés hier, et là, je me sens comme une vieille épave de 92 ans). On se parle des concerts du Festival du bout du monde. Chloé St-Marie, Yan Perreau, Gregory Charles, Fred Fortin….
Yinque des groupes plates finalement. (Si vous avez pas compris mon ironie, je vous demande de quitter les lieux, lentement, de reculons).
On chemine vers St-Maxime-Mont-Louis. La route va bien.
On commande nos bénédictines aux crevettes (de où vous pensez…) et je demande avec des yeux de biche, un sceau de café. Noir comme mes cernes. Ils me parlent aussi du concert de Martha Wainwright, l’an passé au festival, pendant le lever du soleil. Je leur demande gentiment d’arrêter. Ça me rend triste de l’avoir manqué. Je veux pas sentir leur joie. Je prends une grande gorgée de café en fuyant leur regard de jugement.
Après avoir dévoré les crevettes su’l bras de la Gaspésie, je me d épêche de rejoindre ma colonie de vacance écolo/trippante. On doit partir. J’ai hâte de revoir mes amis/conducteurs François et Catherine et ma co-roadtrippeuse Sophie Faucher. Ce sont des êtres qui donnent le goût de revenez-y. Un genre de vibe Gaspésienne dans leur âme, j’imagine.
10 h : On chemine vers St-Maxime-du-Mont-Louis. La route va bien. Rendu près des Méchins, Sophie nous explique que les habitants de cette ville s’appelle les Méchinois et Méchinoise (là, vous allez me faire le plaisir de relire la dernière phrase à voix haute) (je vais vous attendre. Allez-y) C’EST DRÔLE HAN?!.
Ensuite, notre chère Sophie mentionne presqu’en chuchotant qu’elle connaît cette information hilarante parce qu’elle y a été en tant qu’invitée d’honneur pour l’émission La petite séduction et qu’elle avait même une statue à son effigie dans Le jardin écologique d’Hélène. Il n’en fût pas plus pour que François Lemai nous entraîne vers une nouvelle destination. (Oui oui, pas Lemay, mais bien Lemai. Il voulait que je rectifie. Je lui dois bien ça étant donné qu’il est mon chauffeur depuis deux jours. Je m’exécute.)
Donc, ni une ni deux secondes, on rentre dans le village et François cherche un humain pour lui indiquer la statue pendant que Sophie fond de gêne sur la cuirette vegan de la Tesla. Une jeune femme (avec les yeux de la même couleur que le Saint-Laurent) nous indique les directions pour la statue et remarque avec engouement l’être semi-fondu à mes côtés. Tout le monde crie. Je sais pas pourquoi. Je participe à l’engouement aussi. Je suis de même. La demoiselle aux yeux azur s’appelle Cynthia Gagnon et elle tellement gentille qu’on a failli oublier de repartir. La statue de Sophie est toujours là. Je commence à avoir la fatigue qui me ronge. Mes amis me disent de slaquer un moment et d’essayer de dormir. On repart la machine direction recharge.
Le fleuve et la 132 devant moi, je me couche sur le gazon.
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12 h: On arrive au meeting point en premier. C’est pas normal. Je me questionne peu sur ce sujet et je cours acheter des cachets contre mon mal de bloc et des petites vitamines. En revenant près de Catherine, elle me dit d’aller me coucher sur l’herbe. Elle va me faire un traitement pression énergétique pour relancer et me réénergiser. Donc, le fleuve et la 132 devant moi, je me couche sur le gazon pis je me laisse faire. Catherine opère sa magie sur mon corps éreinté et le soleil fait sa job de soleil. Vingt minutes plus tard, j’ai l’impression d’avoir 19 ans et de revenir du spa. Catherine est une fée. Je n’en suis toutefois pas surprise.
On quitte pour (ENFIN) Gaspé. The final Destination.
On quitte pour manger. C’est long. Y’a des gens qui font des calls passifs/agressifs à la Ricardo mais moins drôle. Je tairai les noms. Puisque je ne les connais pas. Les serveuses font tout ce qu’elles peuvent pis moi et les amis, on est dans leur équipe. C’est pas leur faute pis on est pas dans le jus me semble. On est en Gaspésie en route vers des 5 à 7 pis des concerts de musiques. Fa-Que. Tsé. (Montée de lait peu nécessaire mais ô combien plaisante).
Miam Miam. Mioum Mioum. On quitte vers Gaspé (ENFIN). The final Destination.
17 h: 29 heures plus tard, nous arrivons à destination. 29 heures de route électrique tellement silencieuse qu’on se prenait pour Aladin sur son tapis volant.
On me dépose à l’Auberge sous les arbres. Cet endroit magique est géré par la non moins magique Claudine Roy. Elle me dit gentiment que je ne suis pas logée là. Je suis perdue. Les organisateurs du Festival cherchent dans leur paperasse mes infos de logement. Ça dure assez longtemps pour que je commence à écrire mon récit dans le lobby et que je n’aie pas le goût de partir trop loin de Claudine. Cette femme. Ce monument de femme… Premièrement, elle est partie de rien et, maintenant, elle est une des femmes d’affaires renommées de la Gaspésie. Elle est aussi une bonne amie de LA Sophie. Amis de Sophie = mes amis aussi. (J’exagère. Peut-être. Un peu. MAIS SÉRIEUX, j’ai l’impression que c’est mon amie depuis 30 ans.)
Mister Alexandre Taillefer avait une recette incroyable de pâtes aux oursins.
20 h: Claudine nous invite dans sa maison à 15 minutes de voiture de l’Auberge. Elle a prévu une soirée d’oursins. Ma nouvelle best, Sophie l’avait avertie la veille que mister Alexandre Taillefer avait une recette incroyable de pâtes aux oursins. Il n’en fallit pas plus pour qu’elle nous amène dans son éden de domaine et qu’elle nous offre la plus belle des soirées. Les Valaires et Alexandre ont cuisiné pour 15 personnes. Ils ont nettoyé les oursins avec précision et amour. Pendant ce temps, les girls buvaient du champagne et mangeaient des chips. Chez Claudine, c’est comme ça.
Et pour pousser l’extase encore plus loin, Alan Prater de The Brooks et les Valaires décident de jamer avec le piano de notre hôtesse. On chante. On rigole. On vit. Dans le moment présent. Se rassembler pis être libre dans le moment présent. Ensemble.
Je pense à ma journée et je me dis que fuck, je suis choyée pour vrai.
C’est tellement beau que je me dis que le bonheur dans le fond, c’est juste ça.
Je me dis aussi que quand je serai grande, j’aurai une Tesla et la grandeur d’âme de Claudine.
2 h 59 : Je suis au funky Motel Adams. Je termine mon carnet. Je pense à ma journée et je me dis que fuck, je suis choyée pour vrai. J’ai l’impression d’être une princesse. Une licorne qui connaît personnellement Les Calinours.
Bon, je m’éparpille.
3 h 05 : Je suis en pyjama. J’ai hâte à demain, pis en même temps, je trouve que ça va trop vite. Je dois me coucher. Sinon, je vais me questionner sur le pourquoi du comment de toute pis pleurer sur mes draps de motel qui datent de 1967.
On se reparle lundi.
X
Ines
P.S. Demain, je visite une éolienne pis je dîne avec le maire de Gaspé avant d’aller danser avec les Valaires. Je me sens big. Stay tuned.
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Faire un carnet de bord de L’Expérience Montréal-Gaspé. Pendant une semaine. Moi, la Gaspésie, une Tesla et le Festival du bout du monde comme personnages principaux. Écrire, vivre, manger, danser et peu dormir. En gros, le genre de mandat tellement idyllique que ma première réaction fut de vérifier si la date était le 1er avril. À travers mes rencontres, mes récits et la Gaspésie, je vous écris mon histoire d’amour avec ce paradis. Cinq textes. Cinq jours. Mais dans mon cœur, c’est pour la vie.
Et, pour le voir vous-même, c’est par ICI!
Pour lire un autre texte d’Ines Talbi: «Carnet de bord d’une lourdaude sur la 132».