«Hein?! TOI, tu habites en banlieue?! Mais⊠tâes tellement urbain!»
Cette phrase, je lâai entendue au moins 50 fois dans les deux derniĂšres annĂ©es. Un mĂ©lange dâamusement et dâincrĂ©dulitĂ©. Deux Ă©motions que jâadore stimuler. Câest peut-ĂȘtre pour ça que je suis bien, sur la Rive-Sud.
Jâavais pas envie dâhabiter seul, pas envie dâĂȘtre responsable de trouver de nouveaux colocs et pas envie dâemmĂ©nager avec des inconnus.
Rewind.
Avril 2015. Jâhabite le quartier Centre-Sud avec deux colocs. Papineau/Sherbrooke. Ă 15 minutes de skateboard du centre-ville. Ă cĂŽtĂ© du parc La Fontaine. Au cĆur de lâaction.
Mes deux comparses de lâĂ©poque mâannoncent vouloir dĂ©mĂ©nager avec leur blonde. Pas envie dâhabiter seul, pas envie dâĂȘtre responsable de trouver de nouveaux colocs et pas envie dâemmĂ©nager avec des inconnus.
Pendant un 5 Ă 7 particuliĂšrement houblonnĂ©, un couple dâamis de longue date mâannonce quâil sâest achetĂ© une maison Ă Saint-Bruno-de-Montarville. MontrĂ©alais born and raised, mon premier rĂ©flexe est taquin:
â Ah! Ils sâen vont fonder une famille sur la Rive-Sud, eux autres! La vie de piscine, de banlieue et de trafic!
Le pire, câest que jâaime ça!
Ă lâĂ©poque, leur rĂ©plique est de me rappeler que je suis Ă la recherche dâun appartement. Ils proposent de me louer une chambre au sous-sol. Câest pratique, câest abordable, jâai dĂ©jĂ un vĂ©hicule et mon cĂŽtĂ© «tâes pas game» JUBILE.
Jâhabite donc Ă Saint-Bruno-de-Montarville depuis juillet 2015. Mes proprios sont mes colocs et mes bons amis.
Attendez, câest pas ça le pire. Le pire, câest que jâaime ça, voici pourquoi en 10 points!
- Câest un havre de paix!
- Il y a tellement dâespace. Dehors comme en dedans!
- On a deux toilettes!
- On a une chambre dâamis!
- Jâai patentĂ© un cinĂ©ma maison avec un projecteur dans le sous-sol!
- Le climat dans la maison est tempéré à la perfection! SystÚme de chauffage et de climatisation central!
- Le déneigement et le stationnement = zéro stress!
- Je suis Ă peine Ă 19 minutes de route de mon ancien appart dans Centre-Sud!
- On a une piscine! Et un jardin! (Je ne touche pas vraiment Ă un ou Ă lâautre, mais je trouve ça cool!)
- Il y a des hauts-parleurs dans la douche du sous-sol!
Ma transformation en banlieusard nâa pas pris de temps. Ă peine un mois aprĂšs avoir quittĂ© le Centre-Sud, jâai traversĂ© le quartier et jâai trouvĂ© ses rues sales et Ă©touffantes. HonnĂȘtement, ma nouvelle affection pour les grands espaces me surprend moi-mĂȘme. Ă cĂŽtĂ© de la maison, il y a un grand champ peuplĂ© de pylĂŽnes Ă©lectriques gĂ©ants. Il mâarrive de me stationner Ă cĂŽtĂ©, en revenant du travail, pour contempler le coucher de soleil. Je trouve ça beau. Ăa me fait penser Ă lâalbum The Suburbs, dâArcade Fire.
Il faut dire que je suis un travailleur autonome Ă lâhoraire extrĂȘmement atypique. Que je ne suis presque jamais pris dans le trafic, vu que mes obligations professionnelles commencent rarement Ă 9 h. Que mĂȘme lorsque jâhabitais sur lâĂźle, jâĂ©tais rarement chez moi. Que je suis un adulescent workaholic qui se sent chez lui dans un sous-sol.
Serai-je toujours banlieusard dans trois ans? Qui sait?
Cela dit, ma vie en banlieue vient quand mĂȘme avec quelques inconvĂ©nients:
â Virer une brosse sur un coup de tĂȘte nâest plus vraiment envisageable. Câest ça, vieillir?
â Je sens que je dĂ©molis lâenvironnement Ă grand coup de traversĂ©es quotidiennes du pont Jacques-Cartier. Au moins, jâai un petit vĂ©hicule urbain.
Serai-je toujours banlieusard dans trois ans? Dans cinq ans? Qui sait? Jâai un Ćil ouvert sur les projets immobiliers annoncĂ©s dans le nouveau Longueuil. Je mâennuie un peu du mĂ©tro. Ă suivre.
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