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Ce texte est extrait du #30 spécial Humour | présentement dans les kiosques
Ils sont francos, arabos, anglos, blancs, noirs, café au lait, gosse-et/ou bosse-de-chameau. Un dimanche sur deux, ils présentent leur art sur la scène du Couscous comedy show, créant un fichu bon spectacle qui nous rappelle à quel point on est fier d’être Montréalais.
Dimanche aprèm. Je rejoins UncleFOFI à La Khaima, un resto maghrébin du Mile-End. Véritable musée méditerranéen, le restaurant reconstitue la demeure typique du nord de l’Afrique, avec des lampes multicolores en cuir et un salon marocain. Manquent plus que le marchand en babouches qui veut beaucoup trop me vendre un dromadaire gossé dans le bois, ma grand-mère et un gars l’autre bord de la rue qui prévoit m’épouser parce que je suis « la plus jolie des gazelles ».
Fofi, c’est Fares Mekidech, le Couscous Comedy Man, instigateur, organisateur et animateur de la soirée. Un charismatique Algérien-Français de 25 ans qui possède à la fois la vigueur du businessman et la nonchalance du cégépien. Un Brice de Nice à la coupe Caillou, avec de la broderie arabe sur la kachaba tie-dye à la place du signe Nike sur le T-shirt jaune.
Ce qui frappe le plus quand on rencontre Fares, c’est sa demi-barbe. « Ma moitié de barbe, c’est pour montrer aux gens qu’on peut être excentrique tout en ayant une vie totalement normale. m’explique-t-il dans les cuisines de La Khaima. Tout ce que je veux, c’est tripper, mais sans être le fou que personne ne comprend. »
Fofi-moitié-de-taliban pétrit le couscous avec la confiance d’un Tsouareg de 76 ans. De quoi faire rougir Maman Dion de jalousie ou Daniel Pinard de convoitise. La main gauche dans la semoule, la droite agrippée à son cellulaire, il me raconte les début du show le plus hétéroclite de Montréal. « J’ai grandi en Algérie, puis j’ai habité à Rennes. Il y a sept ans, j’ai déménagé à Montréal pour étudier aux HEC. J’ai commencé à congeler du couscous dans l’éventualité de me partir une compagnie de traiteur. Je vendais deux portions pour 10$ à mes amis », dit-il. Entre-temps, il animait des soirées gala à l’école et présentait des sketchs d’humour. « Et puis un jour, en 2009, j’ai eu l’idée de servir du couscous pendant un show aux Bobards. Le succès a été instantané, raconte-t-il. On a ensuite déménagé le Couscous Comedy Show au Café Campus, pour avoir une plus grande salle et parce que là-bas, ils nous soutiennent en nous laissant une totale liberté.»
Le Couscous Comedy Show, c’est un spectacle à saveur humoristique, qui regroupe des artistes anglophones et francophones de disciplines et d’origines multiples. Parmi les numéros, on trouve autant de jolies chansons acoustiques qui parlent d’amour que des stand-up traitant des particularités culturelles des Haïtiens ou des communautés arabes. L’audience est composée de familles nostalgiques qui sortent manger le plat de leur pays, de filles qui espèrent se pogner le magicien à la mâchoire dangereusement hollywoodienne après le spectacle et de couples en date, qui gloussent nerveusement même durant le « one-two » du soundcheck.
À leur arrivée, les spectateurs font la file pour se faire servir le couscous qu’ils dégustent à leur table, devant les numéros qui se succèdent. Entre chaque prestation, Fofi présente les artistes et se trémousse parfois en chantant des sacres québécois sur un air arabe, vêtu d’un tablier sur lequel est dessiné un torse musclé, derrière un mouton aux yeux écarquillés.
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