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Le quartier Verdun et ses hotspots architecturaux

Par
Isabelle Corriveau
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Il y a 10 ans, mon camion de déménagement et moi nous sommes faufilés sous l’autoroute 15, avons emprunté un des sept ponts permettant de franchir le canal de l’aqueduc, et atteint Verdun, mon nouveau quartier. Depuis, plusieurs lieux ont marqué mon parcours ou mon imaginaire; en voici quelques-uns:

L’AGRICULTURE AU DOUGLAS.

Ma collègue Mélanie et moi avions décidé un printemps de nous lancer dans l’agriculture urbaine. Activité parascolaire, folie, un brin des deux, nous nous sommes retrouvées avec des outils strappés à nos vélos pour « travailler la terre » au Douglas.

En 1881, le « Protestant Lunatic Asylum » voit le jour, mais non sans que les fermiers riverains soient craintifs que leurs bêtes « attrapent » les maladies mentales des patients. Ses terrains étaient tellement vastes qu’une portion, au nord du canal de l’aqueduc, a été intégrée au parc Angrignon.

Outre les maintes percées révolutionnaires dans la santé mentale grâce à cette institution, associée à l’Université McGill depuis 1946, soulignons que durant plus de 70 ans, « Le Douglas » a labouré et cultivé une portion de ses 165 acres champêtres pour nourrir patients et personnel. De ces jours, de vastes parcelles sont devenues des jardins communautaires, dont plusieurs jardinets offerts font 25’ x 100’! Pour un premier potager, c’est tout un défi!

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CRAWFORD PARK.

L’appel à l’hypothèque s’est fait sentir et mon copain et moi avons cherché de longs mois, à 50 km à la ronde, souvent sur les « rives » que notre budget permettait, un petit nid douillet. Par une soirée de janvier, nous nous sommes retrouvés sur une rue féérique, les arbres ensevelis de neige, nos pas qui crispaient sur le sol et l’odeur de feu de bois dans l’air. Magique. La maison, 1946-not-so-magic, serait la nôtre quelques semaines plus tard. C’était le début de notre aventure de rénovation à Crawford Park, de mon jardin planté de toutes pièces, et de mon amour le plus profond pour Verdun.

Cet ensemble de maisonnettes homogènes, au moule identique « Monopoly », fait à peine six rues nord-sud. Dès 1941, la Parkdale Homes Development Corporation achète des lots aux limites ouest non développés de Verdun, pour la modique somme de 25$ chacun, promettant 88 nouvelles maisons, dont 35 seraient réservées pour les vétérans de la guerre. Aujourd’hui, ce premier secteur développé dans le cadre du « National Housing Act », Crawford Park, est parsemé de ces petits cottages d’un étage et demi en briques rouges. La notaire m’informa que la nôtre aurait été achetée (et payée comptant) pour la modique somme de 5 000$. Those were the days…

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LE NATATORIUM.

Juste le dire, c’est se faire plaisir! Ce palace de la baignade extérieure inauguré en 1940 fut longtemps la plus grande piscine extérieure du Québec et même du Canada. Championnats de plongeon, îles-fontaines, à flanc sur le fleuve et le boardwalk en bois d’antan, ce projet a été lancé dans les années 30, en pleine période de crise, afin de donner du travail aux chômeurs. Autre leitmotiv: inciter les gens à ne PLUS se baigner dans le fleuve (ironie étant qu’aujourd’hui, à quelques pas, deux quais flottants offrent aux nageurs l’accès direct au fleuve).

Malgré les détails Art déco aujourd’hui ensevelis sous plusieurs strates de peinture, et la terrasse du toit maintenant fermée, l’aura d’un lieu mythique perdure. Sur mon bucket list, peut-être que j’enfilerai mon maillot l’été prochain pour m’y baigner.

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LA STATION LASALLE … À VERDUN.

Lionel-Groulx, Charlevoix, LaSalle (what?!), de L’Église, Verdun… Même après 10 ans, dès que j’entends le « prochaine station, LaSalle », je me fais régulièrement avoir en pensant que je suis allée trop loin sur ma course de la ligne verte (God forbid, je me retrouve à La-Salle!), pour finalement être rassurée d’entendre « prochaine station, de l’Église » retentir peu après. Une fois à l’extérieur de cette station, ouverte lors de la 2e vague de développement du métro de Montréal (septembre 1968, architectes Gillion et Larouche), on se retrouve dans un univers parallèle banlieusard des plus dépaysants. Verdun, is that you? Summum, l’édicule LaSalle (à Verdun) ressemble à une énorme boîte à appâts sculptée en béton. De toute évidence, je me suis moi-même fait prendre au piège!

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STATIONNEMENT ÉTHEL.

Ma découverte de l’été! Ce stationnement à étages circa 1986, un incitatif aux emplettes sur La Wellington, offre une surprise au dernier niveau. Découvrez l’œuvre peinte hors échelle « Lucette ou l’incompréhension de soi », de la série « Sommeils lourds » du duo français Ella & Pitr. Une brave initiative de la SDC Wellington.

FYI, sachez que les rues Edna, Éthel, Gertrude et Evelyn sont toutes nommées d’après la progéniture du 5e maire du village de Verdun, un dénommé Henry Hadley, qui était maire de 1896 à 1899.

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Verdun, c’est tout cela et plus. C’est faire du rollerblade au bord du fleuve et croiser des gens habillés en regalia country qui partent danser en ligne. C’est un rigodon à -15C sur la Wellington en savourant de la tire. C’est un tit-déj tassé en famille à notre spot bon et pas cher (y’a un tit-déj pas cher à chaque coin de rue!). C’est les gens, les rues, les bâtiments, c’est l’histoire… et maintenant, c’est mon histoire.

#verdunluv 4 ever!

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URBANIA et HÉRITAGE MONTRÉAL s’associent pour célébrer l’architecture et le patrimoine unique de Montréal, à travers les yeux et la plume de ceux qui y vivent au quotidien.

Depuis 40 ans déjà, HÉRITAGE MONTRÉAL, un organisme privé sans but lucratif, œuvre à promouvoir et à protéger le patrimoine architectural, historique, naturel et culturel du Grand Montréal.

Pour lire un autre article HÉRITAGE MONTRÉAL: « Le quartier Villeray et ses hotspots architecturaux ».

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