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Désespoir et désillusion
La première fois que j’ai entendu parler de Tinder, je ne vous mentirai pas, j’étais pas mal révoltée. Je me souviens de m’être dit : “ça y est, le romantisme est cette fois complètement mort et enterré.” Fini les parades nuptiales à l’ancienne, on était rendu là : se vautrer dans la loi du moindre effort, parce que c’est tellement trop de trouble de sortir de chez soi et de daigner honorer la personne qui nous plait de notre présence en chair et en os.
So 2010.
Quand c’est rendu vieux jeu de sortir boire un verre et de rencontrer quelqu’un spontanément, sur le coin du bar, en te commandant une pinte de rousse – quand même ça, c’est rendu trop engageant – tu sais que l’heure est grave.
Bref, moi et mon petit cœur de fille qui a regardé beaucoup trop de comédies romantiques et qui vit, aux dires de mes amis masculins, “dans un monde de Calinours, d’arc-en-ciel et de barbe à papa” quand il est question de relations amoureuses, on souffrait de voir le romantisme disparaitre à grand coup de swipe gauche / droite.
Le grand plongeon
Une fois le choc initial encaissé, force m’a été de constater, à ma grande surprise, qu’il était parfois possible de faire des rencontres tout à fait potables et legit via cette application. La preuve, c’est que j’ai au moins 2-3 amies qui sont aujourd’hui heureuses et en couple avec des gars dont la photo à elle seule les avait convaincues de swiper dans la bonne direction.
Le doute s’est installé : et si je manquais quelque chose, à boycotter cette nouvelle façon de dater? J’ai décidé que je n’avais rien à perdre. J’ai pris une grande respiration et j’ai téléchargé ladite application.
“Alea jacta est, esti”, que je me suis dit.
La révélation
Quelques mois plus tard, j’étais dans un cinq-à-sept avec des collègues, et après quelques pintes, la conversation a tout naturellement dévié vers notre sujet préféré à tous lorsqu’on a quelques verres dans le nez : le sexe et les relations hommes-femmes (ou femmes-femmes, hommes-hommes, etc).
On en est rapidement venus à partager nos expériences Tinder; tous les célibataires présents avaient une anecdote à raconter.
Sauf moi.
Honnêtement, j’avais juste eu affaire à des weirdos un peu pervers, qui finissaient toujours par me demander de faire des trips à trois (fouillez-moi pourquoi!). J’ai rien contre ça, à la base, mais c’est un peu bizarre de se faire demander ça par quelqu’un avec qui tu as à peine échangé deux phrases. Pour le romantisme, on repassera.
Fait que, sur le coup, je me suis gardée de révéler ça à mes collègues, me contentant de revenir à ma position initiale : Tinder et moi, ça cliquait juste pas, que je leur ai dit.
No thanks, pas mon truc.
En rentrant chez moi cette soirée-là, après avoir entendu les histoires de mes collègues, j’ai réactivé mon compte. Juste pour voir. Au même moment, je reçois un texto provenant d’une des personnes qui étaient présentes au 5@7. Appelons-le Simon-Guy.
– Yo! Je savais pas que t’étais game de même… T’es wild !
– Hein? Pourquoi tu dis ça? Je catch pas.
– Bin la, t’es une licorne !
– …
– Attends, es-tu en train de me dire que t’as juste mis un émoticône de licorne de même, sans savoir ce que ça veut dire?
– Euuuuh… ben oui là, j’aime ça les licornes. Je trouve ça cute.
– Em, la licorne, sur Tinder, ça indique que t’es une jeune femme qui cherche un couple avec qui faire un trip à trois…
– Tu m’niaises là?
– L O L. Non.
– AH BIN CRISS !
Eh boy! Ok, là, tout s’est éclairci d’une shot ! J’ai soudainement compris pourquoi j’avais jamais eu de date Tinder potable! J’invitais Montréal au complet à me proposer une partie de jambes en l’air en trio… Ça m’apprendra à tripper sur les animaux imaginaires de contes de fées. En même temps, je suis rassurée de savoir que je peux compter sur internet pour pervertir tout et n’importe quoi, y compris la licorne.
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La recommandation
D’ailleurs, why the fuck la licorne? On s’entend-tu pour dire que la simplicité dans les codes amoureux, c’est toujours winner?
Dans cet esprit-là, la gang, ça vous dirait d’y aller avec l’évidence, genre :
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En conclusion, chers lecteurs, tenez-le vous pour dit : les émoticônes, on aime ou on n’aime pas, mais c’est loin d’être aussi innocent que ça en a l’air.
P.-S. Mention spéciale à Simon-Guy : sans toi, je baignerais encore dans le néant, à me demander qu’est-ce qui dans ma face invite au trip à trois…