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Montre-moi ta crotte

Par
Catherine Ethier
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Mes hommages.

Septembre est épuisant. À peine rentrée de Terre-Neuve (dont je vous raconterai sans doute les mémoires par temps de grésil), on m’attendait déjà avec une pelle prête à épouser mon crâne et une pile de graphiques en pointe de tarte dont la pâte ne hurlait qu’une chose et une seule : T’ES DÉJÀ EN RETARD. TRAVAILLE. Tu rangeras ton tankini plus tard.

Septembre est épuisant.

Mais halte là, hein. Mon épuisement-roussette, si ravissant soit-il à cancanner sur une plate-forme dans le coup, n’a rien, mais rien à voir avec celle de toute âme qui s’apprête à expulser, pieds de bas dans les étriers.

(Le paragraphe suivant risque de se dérouler sous le rafraîchissant thème “être mère, c’est pas facile”. Je sais de quoi je parle, je suis pas mère).

Je n’ai jamais nourri d’intérêt précis pour la maternité et ses accessoires. Mais comme ma sœur vient tout juste d’accoucher, l’intérêt fait moussette. Je maîtrise même quelques pratiques mots du vocabulaire terrifiant qui vient avec la perte du bouchon muqueux. Comme méconium. Prolapsus génital. Ou le formidable alliage des mots “bloc” et “honteux”. Le bloc honteux (MAIS QUELLE BEAUTÉ). Parce qu’avant même d’avoir donné la vie, le simple fait de s’envisager l’anesthésie de la pantoufle relève du domaine de l’indignité. Si un petit crâne mou point entre tes cuisses, serre discrètement les poings et croque ta douleur, comme tu croques la vie, Cécile. T’auras mérité ta tylenol.

How formidable.

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Et parce que j’admire leur plume et leur chien qui retrousse, je suis vaguement les multiples blogues où de formidables mères chevauchent l’impensable. Vous m’épatez, mesdames. Et vous faites du bien. Aux mères comme aux autres.

MAIS JE VOUS CONFIERAI NE PAS TOUT SAISIR CE QUI EST APRÈS SE PASSER.

Après le suçotage de placenta post-partum, ceci :

Déjà, la semaine dernière, je voyais défiler un pratique guide beauté pour ne pas que vos proches aient à subir le triste spectacle de vos yeux puffés par LA poussée qui a déchiré vos culottes et la vue de vos pores dilatés à 8 :

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“Prévoyez une taie d’oreiller rose, vous aurez meilleure mine sur les portraits”

Mais ne plus avoir l’air du yâble sur ses photos en jaquette ne suffit plus. Astheure, pour te mériter le titre de petite mère créative sauvagement en avant de toute, tu dois te tresser le cordon ombilical.

Faire de l’art avec ce qui est sorti.

ET ÇA DOIT ÊTRE JOLI, HEIN. Faire des swirls et des petits cœurs candides-secs mais remplis de tendresse pis de signifié.

Capter le rêve.

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S’insérer dans une pratique pochette à offrir à un voisin qui a fait ton gazon.

Coiffer ton tout-petit d’une tuque loufoque est désormais vain.
Ton yoga-poussette ne transporte plus les masses. Et cette maison de poupée que tu craftes avec le farcin de ta plus jeune ne fait plus pulser le Elle.

Allez. Prouve-moi que t’es une mère funky. Montre-moi ta glotte.

MONTRE-MOI TA CROTTE.

La bise.

PS tendresse : : je suis épuisée.

***

Pour lire un autre texte de Catherine Ethier : “Liberté!”

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