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Pour la campagne présidentielle américaine 2016, Isabelle et Mathieu parcourent, depuis le 20 août, l’est des États-Unis pour aller à la rencontre des électeurs dont l’opinion est rarement entendue. C’est en vélo qu’ils ont décidé d’accomplir cette épopée.
Grâce au réseau Warmshowers (l’équivalent de Couch surfers mais pour cyclistes), ils ont l’occasion de faire des rencontres incroyables! Mais dans le contexte de la profession (le journalisme, pas le cyclisme… quoique…), la pauvreté a joué un grand rôle dans le choix du moyen de transport.
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Deux Jambons à vélo. C’est comme ça qu’on s’est décrit quand on s’est rendu compte qu’on n’avait pas pensé à vérifier l’adresse exacte où on s’en allait à Middlebury, au Vermont. C’est drôle comme sur une carte le spot où Al et Lynn habitent semble proche du village. Mais bon, apparemment, un centimètre c’est autour de 12 km… avec 80 livres sur nos vélos, on commence à se dire qu’on est cave.
On aurait voulu avoir plus de timing qu’on aurait pas pu. C’est en soufflant comme des fumeurs de Pall Mall verte qu’on voit l’entrée de garnotte où la voiture d’un gentil monsieur est à moitié engagée. On est arrivé pile-poil en même temps. “Avez-vous mangé? J’ai du blé d’Inde si vous voulez!”
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Al et Lynn, les solidaires du Vermont
Le Vermont : pays de panneaux solaires et paradis de la voiture hybride. Quand on dit que les États-Unis sont une multitude de petits pays rapiécés pour en faire un monstre, ce n’est pas pour rien. Al et Lynn Karnatz sont un exemple de l’idée qu’on se fait du Vermont.
De nature libérale, très démocrates, au Québec on les considérerait comme Solidaires.
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Rencontrés grâce au réseau Warmshowers, ces deux cyclistes endurcis – à 60 ans passés, il leur arrive encore de partir prendre le petit-déjeuner à Burlington, à plus de 70 km de New Haven. Une petite promenade. – nous ont accueilli dans leur refuge de paix (un peu!) à l’extérieur de Middlebury.
Une dizaine de panneaux solaires et deux Toyata Prius sautent aux yeux en roulant dans le chemin privé qui mène à leur maison. “Avec les panneaux solaires, non seulement on se fournit nous-même en électricité, mais on en a trop, donc en renvoyant le surplus à la centrale, au lieu de payer une facture chaque mois, on reçoit un crédit”, s’exclame Lynn. Morts de rire quand même! Ils se sont fait installer l’air conditionné, parce que ça ne leur coûte rien de l’utiliser!
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IPA, blé d’Inde et protection du Vermont
En guise d’offrande pour nos hôtes de la soirée, des bonnes Rolling Rock à 6 $ le 4-pack. Mais trop tard, Al nous a déjà coulé une bonne IPA locale en nous disant d’essayer ça! On se sent comme à la maison.
C’est en cuisinant du blé d’Inde pour tout le monde que Al nous explique qu’il travaille pour une organisation non gouvernementale qui tente de protéger le Vermont. “On travaille à préserver le Vermont tel qu’il est.”
Le Vermont Land Trust (VLT) travaille depuis 1977 à conserver des terres publiques ou privées de tout développement économique. Il nous explique qu’au Québec, on a une machine mystérieuse organisée par tout plein de fonctionnaires et qu’on appelle le zonage. C’est entre autres ce qui fait qu’on ne peut pas faire une terrasse de trottoir de plus que tel nombre de pieds parce que le zonage de la ville l’interdit… c’est aussi ce qui contrôle les ZEC (Zones d’exploitation contrôlées).
Enfin, ils n’ont pas ça et c’est un organisme privé qui s’en occupe.
Avant de repartir de ce repère de nature, de bières locales et de discussion sur nos voyages et expériences respectives, Al insiste pour vérifier la pression dans nos pneus! Plus avenant que ça tu meurs!
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Pis Donald dans tout ça?
Justement, en parlant de discussions, qu’en est-il du Donald dans tout ça? Difficile de traduire une expression américaine en français, mais ça pourrait ressembler à : “Ah lui là là, parle-moi s’en pas OK?”
La conjecture selon laquelle Donald Trump pourrait faire son entrée à la Maison-Blanche après la prochaine élection, le 8 novembre, rend Lynn et Al nerveux.
“Oui, c’est perturbant de voir tout ça arriver! On ne s’attendait pas vraiment à en arriver là avec Trump. Beaucoup de gens ont peur et se disent qu’il serait peut-être temps de partir avant que ça empire”, avoue Al.
Les deux Américains ont cependant une carte cachée dans leur manche. Lynn est en fait une Québécoise naturalisée Américaine dans les années 90. Ses enfants et elle ont donc la nationalité canadienne. L’idée de quitter définitivement les États-Unis par peur de ce que Donald Trump pourrait faire n’est pas encore une évidence.
Toutefois, elle reste en suspens, quelque part entre deux collines et un panneau solaire.
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Alors que vous vous délectez de nos aventures, nos jambons continuent de travailler, de se raffermir et d’avancer (on parle ici de nos cuisses right?). Nous avons déjà quitté le Vermont après plusieurs belles rencontres et New York (l’état) est bien entamé.
Pour lire un autre reportage Deux jambons à vélo : New York
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