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Entrevue « Les Odeurs » avec Julien Bernatchez

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Depuis sa performance de la semaine dernière à Un souper presque parfait, Julien Bernatchez n’a plus besoin de présentation. On sait de quoi il a l’air, on sait comment il parle, et surtout, on sait ce qu’il mange (son château de saucisses a d’ailleurs inspiré nombre de Québécois – et même de restaurants – à retomber en enfance la semaine passée).

Mais que sait-on de son rapport aux odeurs? Pas grand-chose…

Pourtant, lorsqu’on prête attention aux plusieurs personnages qu’il fait vivre sur le web depuis quelques années, on remarque que ceux-ci font assez souvent référence de façon comico-absurde aux odeurs.

Par exemple, si son personnage fan de Lucky Luke rencontrait son idole, la première question qu’il lui poserait est : Qu’est-ce qu’il sent, Rantanplan? Aussi, en entrevue avec l’humoriste Mariana Mazza, Julien, qui interprète sur Trouble Voir son fameux Bande-Pensante, lui demande : Qu’est-ce qu’il sent, Messmer? Et dans une autre vidéo, son personnage lance que s’il recroisait son ex, il lui demanderait : Qu’est-ce qu’il sent, ton nouveau chum?

Ça nous a donné le goût de lui poser quelques questions dans la même veine…

***

URBANIA : Julien, quelle est ton odeur préférée?

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Julien Bernatchez : Celle des vagins. Il n’y a pas grand-chose qui stimule plus que ça comme odeur. Même si la fille n’est pas propre ou vient de faire son jogging! Si ça sent fort, c’est pas grave…

URBANIA : Et quelle est l’odeur que tu détestes le plus?

Julien Bernatchez : Celle de l’intolérance.

URBANIA : Quelle odeur t’a le plus marqué à Un souper presque parfait?

Julien Bernatchez : L’odeur de Peter… Ça sentait comme dans les bars sur Saint-Laurent.

URBANIA : Quelle est l’odeur de ton appartement?

Julien Bernatchez : Un mélange de botchs de cigarettes et de fonds de bière.

URBANIA : Quelle odeur associes-tu à Justin Trudeau?

Julien Bernatchez : Le weed, évidemment.

URBANIA : Et à internet?

Julien Bernatchez : L’odeur du changement.

URBANIA : J’allais te demander l’odeur que tu associes à ton meilleur souvenir, mais j’imagine que…

Julien Bernatchez : Oui, c’est sûr que c’est relié aux vagins.

URBANIA : Quelle odeur associes-tu aux gars en général? Là j’imagine que c’est différent?

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Julien Bernatchez : Oui, c’est différent. Tsé quand tu fais du sexe, que tu ne prends pas ta douche après et que tu vas travailler? Cette odeur-là.

URBANIA : Pour vrai, c’est l’odeur que tu associes aux gars?

Julien Bernatchez : Oui.

URBANIA : Ok. Bon maintenant, quelle odeur associes-tu à l’amitié?

Julien Bernatchez : Les botchs de cigarettes et les fonds de bière.

URBANIA : Ah, ta vie semble cohérente!

Julien Bernatchez : Oui, c’est assez cohérent tout ça. Je dirais aussi que j’y associe l’odeur des jeux de société : l’odeur d’une bonne table de Monopoly fraîchement sortie de sa boîte.

URBANIA : Et quelle odeur associes-tu aux voyages?

Julien Bernatchez : Les olives et les papayes vertes.

URBANIA : Tes personnages font souvent référence à des odeurs qu’ils aimeraient connaître. Pourquoi ramener cette thématique?

Julien Bernatchez : C’est un aspect dont on ne discute pas trop, mais qui en dit long, pourtant. L’odorat, c’est le sens qui fait le plus appel à nos souvenirs, mais on n’en parle pas souvent. Je trouve que ça donne une belle résonance émotive qu’une personne s’intéresse à l’odeur de ton nouveau chum, une résonance qui est peut-être moins exploitée.

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Pas sûr de comprendre Bernatchez?

Julien Bernatchez qui parle de “résonance émotive”, ça vous étonne? Pourtant, quand on écoute ses vidéos, on se rend rapidement compte qu’au-delà de leur aspect comique évident, elles ne sont pas seulement drôles. Elles sont souvent tristes, elles portent à la réflexion, comportent plusieurs degrés, contiennent des références plus ou moins subtiles à des auteurs, des cinéastes, des penseurs.

“Je fais des vidéos que j’aimerais voir. Quelque chose de complètement humoristique, c’est rare que j’aime ça. Moi, j’écoute tout le temps de la musique triste, des films tristes, c’est ça que j’aime. Mais je pense que j’ai beaucoup d’humour, quand même. Dans le fond, j’aimerais que mes vidéos soient des tounes de Bernard Adamus”, résume-t-il.

“Mais si les gens trouvent juste ça drôle, c’est ben correct aussi.”

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Si sa première vidéo Lucky Luke : Mon héros a été mise en ligne en 2007, c’est en 2009 que Julien Bernatchez a commencé à produire du contenu de façon plus soutenue. Il est remarqué par Patrick Lagacé, puis par Mike Ward. Il fait des vidéos pour Trouble Voir. En 2014, il a une chronique récurrente dans une émission à la télé.

Mais le succès connu avec Un souper presque parfait est d’une autre ampleur. En temps normal, un épisode de cette émission peut avoir quoi, 50, 150 partages Facebook? Quelques centaines s’il est particulièrement drôle?

Celui de Julien en a eu 5000 le premier jour.

“J’ai l’impression que c’était le point culminant depuis que je fais du web. Ceux qui me suivent depuis longtemps étaient contents pour moi de me voir à la tv. Ça clash, parce que je ne suis pas le genre de personne qu’on voit à la télévision d’habitude.”

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Ses fans de longue date étaient effectivement extatiques. Depuis la diffusion, son mur Facebook se remplit de photomontages et de running gags réalisés par des admirateurs. “Je suis très reconnaissant. Les gens qui me suivent m’ont donné beaucoup d’amour en très peu de temps. Chaque chose que j’ai dite à l’émission est devenue un meme!”

Cette candidature, c’est un coup de pub, comme l’ont dit plusieurs?

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“Je suis assez intelligent pour savoir que ça m’a donné beaucoup d’exposure”, dit Julien. “Mais je ne comprends pas moi-même ce que je fais, c’est une démarche que je ne comprends pas encore. Je me mets en danger. Je m’étais présenté aux élections l’an passé même si je n’avais rien à dire [NDLR : comme candidat indépendant dans Laurier-Sainte-Marie]. Là, je m’étais inscrit à une compétition culinaire même si je ne sais pas cuisiner”, explique celui qui travaille à temps plein à la Cinémathèque québécoise.

Il le raconte, et ça ne semble effectivement pas prémédité. Julien a vu circuler sur Facebook que quelqu’un s’était désisté pour l’émission. Il s’est donc proposé pour remplacer, il fallait être prêt dans 10 jours.

Quelle est votre profession?, lui a-t-on demandé dans le cadre du tournage. “Vlogueur poète”, a-t-il répondu.

Mais pour l’émission, vous ne pouvez avoir qu’un seul titre, M. Bernatchez.

“Donc j’ai dit de mettre seulement vlogueur. Avoir su, j’aurais peut-être mis poète. Mais en même temps, je ne suis pas un poète.”

Ça se discute.

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