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“Lorsqu’un papa et une maman s’aiment très fort, ils ont parfois envie de se faire un très gros câlin. Et c’est comme ça qu’on fait les bébés.”
— Madame Piqueur à ses 3 filles, 1993.
Selon l’âge que vous avez, il est possible que vous ayez grandi en plein dans la période de grâce durant laquelle on avait coupé l’éducation sexuelle, on était obsédés par les pédophiles et internet explosait.
La formule gagnante pour une sexualité un peu corsée.
Loin de moi l’idée de vouloir décrire une génération, ou même juger vos pratiques au lit. Ça ne me regarde pas et ça ne m’intéresse pas (sauf si vous partagez ledit lit avec moi). Cependant, j’ai repensé attentivement à toutes les personnes que j’avais croisées dans ce lit (pour la science et pour passer le temps durant les longues soirées solitaires d’automne), et force est de constater que parmi eux s’était parfois glissé une actrice majeure : la porn.
Tout le monde a déjà couché avec quelqu’un qui, sans prévenir, s’est mis à beugler comme un phoque en vous entraînant dans une chorégraphie effrénée mélangeant crossfit et papier sablé. Tout le monde s’est déjà demandé pendant l’acte : “coudonc, il y a-tu des caméras cachées quelque part? Faut tu que je flexe mes muscles moi aussi?”
Bref, tout le monde a déjà couché avec quelqu’un éduqué à la porn. (Si ce n’est pas le cas, vérifiez quand même que ce n’est pas de vous qu’on parle présentement.)
Si ce n’est pas la porno qui vous a perverti, il y a des chances que ce soit Hollywood. On a tous été déçus quand on a essayé de baiser avec quelqu’un face à face, debout contre un mur.
Pas merci, Meg Ryan.
Ce qui m’amène à me poser la question : quel pourcentage de ce que j’aime au lit vient vraiment de moi? Mettons, nos aïeux pour lesquels ce qui se rapprochait le plus de la porn, c’était une gravure d’une femme qui montrait le bas de son mollet, est-ce qu’ils aimaient les trips à trois? Les butt plugs? Le reverse cowgirl?
Le fait que je ne sache pas comment ces choses se nomment en français est la preuve définitive que moi aussi, la porn m’a ruinée.
En matière de sexe, ce qui est bien, c’est que la normalité est très large. Le test le plus simple, c’est de vous poser la question : est-ce que c’est légal au Danemark? En général, si la réponse est oui, vous êtes correct.
Mais vous n’y échapperez pas, le vrai test, c’est la communication. Du moment que vous trouvez votre âme sœur, alignée cosmiquement avec vous dans votre amour du crachat dans le péteux, alors peu importe que vous ayez été élevé par les loups de la porno : vous êtes normal(e).
Mais que faire si vous soupçonnez que votre partenaire met en scène le Cirque du Soleil XXX* et vous vient dans le toupet simplement par manque d’éducation et d’expérience sur le terrain? Et bien, il n’y a qu’une manière de le lui annoncer, à son image : fort, vite et profondément.
“Chéri, tu baises comme dans un porno (mais pas en bien).”
La plupart des partenaires vous remercieront d’avoir été honnête et direct(e), votre toupet s’en portera mieux, et vous aurez l’impression d’avoir fait votre part pour votre génération.
*techniquement impressionnant mais quand on voit le spectacle en DVD, c’est pas du tout la même chose qu’en vrai.
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Pour lire un autre texte de Lucie Piqueur: Les leçons de vie que j’ai apprises en couchant avec un gars qui a un petit pénis.