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Ça se pourrait que tu aies déjà entendu des gens dire “Sherby”, en parlant d’elle. Ou évoquer “la Well”, la côte de la rue King ou toutes les côtes, en fait, c’est vraiment une ville avec beaucoup de côtes. Et des épiceries. Y’en a comme des tonnes.
Je te parle de Sherbrooke aussi connue sous le nom de “reine des Cantons-de-l’Est” quand on veut être poético-touristique. Ça fait 18 ans que j’y habite. Plus jeune, je ne souhaitais qu’une seule chose, c’était de la quitter et quand je l’ai fait, très momentanément, je ne souhaitais qu’une seule autre chose : y revenir.
C’est que elle est vraiment chouette.
Une ville à mollets
Si tu as un peu de volonté, tu peux pas mal marcher pour te rendre où tu veux. Ça se peut que ça te prenne un peu de temps, mais ça se fait, et tu auras des mollets de feu. Mais il est clair que la notion d’étalement urbain a été favorisée par ceux et celles qui devaient penser la chose. Y avoir une voiture, c’est donc pas mauvais, surtout si tu dois aller au Canadian Tire, les deux sont aux extrémités loin de la ville. Y’a certes le transport en commun. Je dirai juste qu’il n’est pas aussi rapide qu’à Montréal, mais qu’il essaie fort.
Du chouette, je te disais.
J’y reviens. Dès que tu sors de la ville, t’es dans le grand air. Dans le bois. Y’a des montagnes à portée de pieds, des sentiers pédestres, des lacs. Y’a même une “montagne” en plein dans la ville, le mont Bellevue, qui est aménagée l’hiver pour le ski et la glissade. Les gens aiment aussi aller au bois Beckett pour arpenter les sentiers, courir, écouter les gazouillis des oiseaux et humer l’humus [je n’ai pas pu me retenir, c’était trop facile].
À Sherbrooke, t’as le goût d’être dehors.
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Les endroits pour te pauser, un moment ou un long instant
Il y a quelques sweet spots pour s’évacher et lire et pique-niquer. Devant l’hôtel de ville, en plein centre-ville. L’herbe y est verte et les aménagements floraux beaux, il y a de la vie tout le temps, les cafés sont droit devant. Le parc Howard avec sa grande étendue de terrain, son étang, ses immenses arbres et les serres municipales à l’extérieur desquelles se trouve un dragon en fleurs qui est l’un des objets préférés de mes p’tits, on va toujours jouer au “dragon fleurs”.
Le lac des Nations est un incontournable, aussi. Quelques kilomètres aménagés autour du lac, en pleine ville, pour la marche, la course, le vélo. À l’un des bouts se trouve le marché de la gare, à l’autre le parc avec une aire de jeux. C’est sans doute un lieu de purge collective, peux-je ajouter, parce que quand tu fais tes “tours de lac”, vient nécessairement comme activité parallèle de commenter — pour ne quand même pas dire bitcher, on est polis — ceux et celles que tu rencontres, dans ta tête ou avec la personne avec qui tu te trouves. Voilà, c’est dit.
Les lieux mythiques
Il y a quelques lieux mythiques dont deux bars qui n’existent plus, mais qui ont marqué l’imaginaire. “Les marches”, officiellement le Café du palais, que j’ai, avec beaucoup de joie, connu. C’tait dans le quasi-sous-sol d’un immeuble de la rue Wellington, les plafonds étaient bas, c’tait plein de racoins, y’avait des shows, de la musique qui était jamais de la pop pis dehors, y’avait les marches et un bar dans les marches. Il y a aussi le Graffiti, lui je ne l’ai pas connu, dans lequel souvent les gens dansaient avec les murs, raison pour laquelle je ne l’ai pas connu.
Le Louis. Ou plutôt les trois Louis, tous sur la rue King. C’est “ze” institution sherbrookoise et “ze” endroit pour manger de la poutine et des hot dog. J’y allais tout le temps avec mon grand-père. Je prenais un hot dog steamé avec une frite que je noyais dans le vinaigre et mon grand-père me regardait faire en souriant. Aujourd’hui, je prends un cheeseburger avec un milkshake à la vanille. Ils ont le souci de l’achat local, de la qualité de leurs produits et juste les regarder être efficaces derrière le comptoir, c’est un moment en soi. Je pourrais te parler de la croix du mont Bellevue et de comment chaque adolescentE qui se respecte a un jour souhaiter la monter, mais je vais pas aller là.
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Ses personnages
Sherbrooke, c’est aussi une ville qui torche parce qu’elle a sa faune, ses personnages. Il y a madame Bou. Elle longe la Well et fait “bou” à tous ceux et celles qu’elle rencontre. Quand tu lui rends le bou, elle sourit large. Il y avait Snout. Il est décédé, l’an dernier ou il y a deux ans. Il vendait sa poésie, prenait le temps de te jaser quand il te croisait. L’homme habillé en orange est un immanquable et celui qui se promène en slow motion, aussi.
Mes endroits préférés :
J’aime ma ville parce qu’elle a tous ces lieux où je vais régulièrement parce que l’ambiance, parce que les gens, parce que des détails :
Le Kaapeh : un café, planchers turquoise, latte de fou, bouffe mexicaine de fou.
L’Auguste : un restaurant, service avec du doux dans la voix, French 75, huitres, poutine inversée, pouding chômeur, banquettes.
Le Kitsch : boutique de vêtements, le récamier, lingerie, t-shirts, vêtements qui brillent, bijouproprios qui sont bin’que trop sweet.
La Taverne américaine Ô Chevreuil : un restaurant, le whiskey limonade, huîtres, poutine, chaises de couleur, ambiance feutrée.
La Maison du cinéma : un cinéma [certes], les films populaires, oui, mais toujours aussi des documentaires et des films de répertoire et un festival cinéma du monde, à chaque année. Le personnel sourit tout le temps, aussi, c’est agréable.
L’Office : boutique de vêtements pour dudes, c’est beau, chemises, chandails chauds, produits pour la peau qui sentent bon, Jess, la proprio.
Joséphine : boutique de cadeaux, tasses, affiches, cartes de souhaits, linges à vaisselle.
Glori.us : boutique de vêtements, c’est beau, vraiment beau, chemises Rails, bottes et chaussures, jeans, outfits qui doivent te faire shiner pour des événements, proprios très sweet.
La Brûlerie de café : un café, café, tasses, macarons (les p’tits en mangent tout le temps), endroit pour lire et pour papoter, Valérie la gérante qui sourit doux tout le temps.
Le Griffon : je le mets parce que j’ai trop d’amis que je ne nommerai pas qui adorent cette boutique dans laquelle tu trouves de tout pour égayer un joueur de Magic ou un habitué des grandeurs nature.
Siboire et Boquébière : nos deux microbrasseries, bière. Des spectacles au « Boq ». Un énorme ventilateur au plafond du Siboire qui est au centre-ville.
Le Pierre, Jean, Jase : café de quartiers, végépâté de fou, latte de Caro la proprio, surtout ceux dans la tasse jaune (j’pense que mon obsession des tasses commence à transparaître), lieux de rencontre, beaucoup de “réguliers” qui se connaissent, comptoir avec des bancs.
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Voilà un peu le topo des lieux où j’aime être et des gens, aussi, avec qui j’aime être. Parce que tout le monde se parle ou finit par se parler. On ne dit pas #sherbylove pour rien. La bête à sa mère, David Goudreault, c’t’a nous. Dominic Tardif, chroniqueur et incroyable générateur de concepts, aussi. Une Sophie Jeukens, qui anime la parole, notamment avec le festival du texte court, itou.
Je pourrais en nommer des tonnes des gens qui nous animent la ville et qui la font pulser au rythme des festivals et événements et de la création : Fête du Lac des Nations, Bouffe ton cento, Festival des traditions du monde, Sherby bouge.
Fa’que c’est une ville de la semaine qui, dans mon cœur, est une ville de l’année, tout le temps, j’ose cette phrase. Une ville pour mes p’tits. Une ville où j’aime travailler, vivre, me déplacer, créer parce qu’elle est ben belle, aussi. #sherbylove all the way.
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Pour lire un autre reportage “Ville de la semaine”: Thetford Mines de Stéphanie Roy.