Saint-Félicien

C’est par hasard que je suis arrivé au Lac il y a trois ans. Ma copine et moi, on se « magasinait » une région. Je penchais pour l’Estrie ou la Gaspésie et elle pour la Mauricie ou l’Abitibi. Finalement, un contrat de trois mois nous a fait découvrir le Lac! Rien de spectaculaire à première vue, surtout en hiver. Le Lac-Sant-Jean c’est plat et il faut du temps pour découvrir toutes les merveilles cachées de Saint-Fé!

Ceuses-là du Lac, y parlent bizarre des fois. Y sont-ce tous pareils. Y vont su’ la coéffeuse pis su’ IGA, mais y savent déchousser un arbre et ils aiment leurs mahines. Les machines (prononcé avec un « h » expiré) sont partout à Saint-Fé. Régates, quatre roues, seadoo, bateau à moteur l’été et bien sûr le skidoo l’hiver. J’en ai eu un exemple frappant à mon arrivée. À un an et demi, mon petit voisin a conduit son premier petit camion. À deux ans et demi, il a eu son premier skidoo. Il parlait à peine, mais il savait déjà reculer en parallèle avec une remorque…

Saviez-vous que Saint-Félicien rivalise avec Détroit et Portneuf comme étant la ville de l’automobile? Oubliez le tourisme, certains des plus beaux « spots » en ville sur le rivage de la splendide rivière Ashuapmushuan sont occupés par les concessionnaires automobiles. Même l’équipe de hockey s’appelle le « Multiconcessionnaire »!!! Une explication probable : l’essence coûte 13 cents / litre de moins cher au Lac qu’à Montréal ce matin.

Si je vous parle de Midas, vous pensez sûrement à un « muffler ». Mais à Saint-Fé, Midas fait dans l’huile à patate frite plutôt que dans l’huile à moteur. C’est en fait la plus grande institution en ville (juste après le Zoo). Réputé pour son « Grand long », un gros hot-dog de 12 pouces rempli de frites, et la préparation BBQ, qui reste encore mythique pour moi, Midas est un incontournable.

Louis Hébert, agriculteur de 6e génération, a décidé de reprendre la ferme familiale pour lancer une microbrasserie biologique à partir des céréales qu’il cultive. En deux ans, la microbrasserie La Chouape a remporté deux médailles d’or au Mondial de la bière de Strasbourg : une avec l’ambrée amère (2009) et une autre avec la noire à l’avoine (2010). La microbrasserie est LE point de ralliement pour tous les amateurs de bonne bière en ville.

Les Félicinois sont tellement fous des bleuets qu’ils prennent leurs vacances pour aller cueillir des bleuets en famille et passer du temps dans le bois. Ils décorent aussi leurs maisons de gros bleuets en papier mâché. Finalement, Migraction offre des « Bonus Bleuets » d’une valeur de 3500 $ aux nouveaux arrivants au Lac… en plus de 8000 $ de crédit d’impôt pour les jeunes diplômés en régions éloignées!
Faute d’avoir des érables dans la région, on entaille les bouleaux au Lac pour en faire du sirop de bouleau! Et il y a tous les petits fruits, les champignons, les crosses de fougère et autres produits qu’on peut aller récolter en forêt. Sans compter la chasse et la pêche (même l’hiver)… Un gros garde-manger à ciel ouvert! Le meilleur cheddar au Québec se trouve à Saint-Félicien à la Ferme des Chutes. En plus il est bio et les vaches sont heureuses.

Au lac, le paysage est agricole et les granges font partie du décor. On les recycle pour en faire des salles d’entraînement et des salles de spectacles. La grange de Saint-Prime, le village voisin, a même été rénovée pour accueillir le festival « Le Coup de grâce musical de Saint-Prime ». Mettant en vedette Fred Fortin (dans son village natal) et plusieurs gros noms depuis deux ans à l’Action de grâce, ça brasse dans la grange et ça promet pour les années à venir.

Surprennament, il y a une diversité culturelle à Saint-Félicien. Asiatique, Arabes, Français (ils sont partout!), Africains, Latino-Américains, Polynésiens s’implantent tranquillement en région. Le Lac-Saint-Jean est même un modèle d’immigration grâce à l’organisme Portes ouvertes sur le Lac qui favorise l’immigration en région. Le Cégep de Saint-Félicien recrute aussi plusieurs étudiants à l’international pour augmenter sa clientèle. L’an dernier, le Cégep a accueilli 35 étudiants étrangers, de la Nouvelle-Calédonie, de la France, de la Guadeloupe, d’Angleterre, du Cameroun, de La Réunion et de la Martinique.

Au Zoo de Saint-Félicien, les animaux sont libres dans de grands enclos et les visiteurs marchent sur de longs trottoirs. Ours polaires, tigres, macaques japonais, orignaux, toute la faune de la forêt boréale s’y est donné rendez-vous. Plusieurs locaux prennent même leur passe de saison pour aller marcher au Zoo et voir l’évolution des animaux au fil des saisons. Le rendez-vous local pour prendre une marche pendant les congés parentaux!

La raison principale de m’installer à Saint-Félicien est l’immensité du terrain de jeu. Un lac de 30 km par 50 km avec de merveilleuses plages de sable. Un petit paradis pour faire du « kite », de la planche à voile, du canot et du kayak. Une forêt immense et des rivières sauvages à découvrir. Un centre de ski de… 65 m de haut. Pour le ski alpin, ça ne fait pas long à descendre, mais le Tobo-ski, est un des plus beaux centres de ski de patin et de vélo de montagne au Québec. Un si beau site que le Tobo a accueilli le Championnat du monde de vélo de montage en 2007 et le championnat canadien en 2009 et 2012.

En arrivant à Saint-Félicien, on pensait pouvoir se louer une belle petite maison sur le bord de l’eau ou en forêt. Oubliez ça! Le monde loue leurs chalets à gros prix l’été. On ne déménageait tout de même pas en région pour habiter dans un bloc appartement. Notre plus belle surprise fut de découvrir qu’on pouvait s’acheter une maison en bordure de la rivière Ashuapmushuan avec 50 000 pieds carrés de terrain pour 130 000 $. Une aubaine impensable ailleurs. Faites vite, car les prix augmentent rapidement, mais il reste encore quelques bons « deals » à dénicher!

Saint-Félicien en images