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Depuis la 6e année, je me suis promis que jamais je ne travaillerais dans un bureau. Pour moi, c’était synonyme d’une vie brune, vécue par un malheureux vêtu d’un complet slaque, prisonnier de son cubicule aux paravents beiges, avec une odeur de poussière qui flotte dans l’air accompagnée de la douce symphonie de la climatisation qui chie. Parce que c’est ça, travailler dans un bureau. C’est un no man’s land couleur marde où l’épanouissement et le plaisir sont des mots qui n’existent pas.
WRONG!
J’avais sûrement trop écouté de blockbusters américains.
***
#TBT
En 2014, j’étais serveuse dans un bar et grâce à des clients qui savaient que j’aimais écrire, j’ai déniché quelques contrats de rédaction. J’ai pu travailler en freelance le jour pendant 1 an tout en conservant ma job de nuit. C’était bien plaisant, je faisais mon propre horaire, je me levais à l’heure que je voulais et question argent, je n’avais jamais fait autant de sous de mon existence. Vie idéale, pourrait-on penser, mais je ne l’ai pas vécue tout à fait comme ça. J’avais tellement de temps libre (malgré tout) que je ne savais plus quoi en faire. Pour reprendre les mots du couple qui a tout quitté pour aller torcher des toilettes à l’autre bout du monde: “(…) it’s also a constant yo-yo between “I have all this time – let me use it productively, let me get fit and do everything I’ve ever wanted to do,” vs. “I have all this time – let me relax and enjoy it.””. Ma situation n’a aucun rapport avec la leur, mais c’est exactement comme ça que je me sentais. J’aimais ma liberté, mais je n’avais pas assez de structure pour l’apprécier pleinement.
Je souligne au passage que dans la réalité de pigiste, c’est fréquent que tu doives courir après ton cash. Ça n’arrive pas toujours, mais lorsque c’est le cas, t’as le feeling de demander la charité. Vient même un point où tu te questionnes à savoir si tu as mérité ton argent. Syndrome de l’imposteur, bien le bonjour.
Comme les planètes sont parfois alignées, mon dernier contrat s’est achevé quand j’ai aussi décidé de quitter mon emploi de serveuse. Pour la première fois depuis que j’étais en âge de travailler, alias depuis 10 ans, j’avais pu de job. Je devais me trouver quelque chose au plus sacrant et hors de question que je retourne travailler dans une boutique ou dans un bar. J’en avais soupé de vendre des guenilles à des pré-ados ou de m’obstiner avec des idiots pour mon 15% de pourboire.
Alors, un certain jour de juillet 2015, en bobettes devant mon ordi, la question s’est posée : fille, dans quel genre d’entreprise tu serais heureuse? Intimement (et dans l’immédiat), je savais que le seul endroit où je pouvais être bien était dans une agence de pub.
Mais, wait a minute papillon, ces agences se trouvent dans…des…BUREAUX, right?
Et avec un horaire 9 à 5 aussi?
Fuck! Allais-je devenir ce petit soldat brun que j’ai toujours refusé d’être?
C’est là que j’ai catché que non, vraiment pas et que le mythe du 9 à 5 brun est juste une image drôle qu’on a pris plaisir à caricaturer. Les agences de pub, c’est créatif et je savais intimement que je pourrais m’y épanouir. Pis, si je n’essayais pas, je pouvais pas le savoir. Alors, j’ai bombardé toutes les agences montréalaises en lien avec la pub, la création, la rédaction, la traduction et même le sous-titrage.
Puis, bonheur. Quelqu’un parmi des centaines d’autres a cru en moi.
Je fais maintenant partie d’une agence qui m’offre ce 9 à 5 que je trouve franchement merveilleux. Le seul brun qu’il y a dans le bureau, c’est le bois. Des mégas fenêtres éclairent mon espace de travail, je côtoie des gens le fun, mon boss porte des nœuds papillon à poids ET, le plus important, il y a du café illimité. Pour la première fois de ma vie, j’ai un horaire structuré qui me permet de savourer mon samedi et dimanche comme jamais et de profiter de chacune de mes soirées pour apprendre, entre autres, à réciter l’alphabet à l’envers après avoir aspiré une shot d’hélium. Surtout, j’ai le temps (et la liberté) d’accepter des contrats intéressants si l’occasion se présente.
Tsé, ultimement, le 9 à 5, c’est juste des chiffres.
Ça veut pas dire grand chose. Même le freelancer ou la personne qui possède sa compagnie n’a pas le choix de se faire un horaire, parce qu’il y a des échéanciers à respecter et des comptes à rendre aux clients. Ces fameux clients qui peuvent parfois tirer beaucoup plus de jus qu’un patron.
Alors au final, un 9 à 5, un 12 à 9, un 6 à 6, c’est quoi la différence?
À ce qu’on lit sur les Internets, les 9 à 5, c’est le diable. Il faudrait tout lâcher pour aller nourrir de petits macaques albinos dans le fin fond du Burkina Faso ou pour aller vendre du sorbet au kale dans un spot touristique de Hawaii. C’est faux. Y’aura toujours des 9 à 5 stressants, des plates, des durs, mais pourquoi on parle que trop rarement de tous ses côtés agréables?
Un P.S. important : Salutations et admiration profonde envers tous les pigistes qui travaillent comme des acharnés.
Un P.S. 2: Les mots «meeting, bureau et 5 à 7» me gossent toujours autant.
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