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Ils sont des milliers à divertir les touristes dans les complexes luxueux des Caraïbes. Mais hors des limites des grands hôtels, que sait-on vraiment d’eux, de leur quotidien? L’auteur Martin-Pierre Tremblay, qui a beaucoup bourlingué, fait le portrait au naturel d’un de ces animateurs de tout inclus.
Cet article est extrait de notre spécial Luxe!
Une épaule en compote
Assis sur ma valise au centre-ville de Ciego de Avila, en face du restaurant Rapido, j’attends Congo. Une fille qui ferait passer Beyoncé pour un laideron, vêtue de pantalons jaunes moulants, s’approche de moi. Sans préambule, elle se penche et m’embrasse sur les deux joues. Elle se retourne ensuite et pointe au loin en disant: «Ton pote, là-bas». Impayable Congo. Il se tape sur les cuisses en riant, fier de son coup. Même sourire, même démarche chaloupée, mêmes vêtements trop grands. Le temps de se serrer la pince et de se taquiner, on charge mes trucs sur un Bicitaxi en direction de la pension qu’il m’a dénichée.
– Si l’endroit te plaît, on règle ça tout de suite. Tu verras, la chambre est parfaite. Et il y a une belle terrasse sur le toit.
– T’as pris congé ?
Il grimace en se tenant l’épaule. Puis, quand il voit que je ne mords pas, éclate de rire.
– Comment veux-tu que j’anime les spectacles avec une épaule en compote? J’ai pris deux semaines, la durée de ton séjour…
Pedigree
Congo a trente-deux ans, parle trois langues, danse et chante avec autant de facilité. Un mélange de Michael Jordan et Wyclef Jean. Son vrai nom est Juan, mais tout le monde l’appelle «Congo». Né à Santiago de Cuba d’une mère qui chantait dans les cabarets et d’un père qu’il n’a jamais connu, il a grandi à Ciego de Avila, passé quelque temps dans l’armée et fréquenté l’école de tourisme de Moron. Il en est maintenant à sa septième année dans un complexe hôtelier de Cayo Coco, une enclave touristique située à une centaine de kilomètres de chez-lui et gardée par l’armée, à cotoyer un public cosmopolite qui compte son lot de Québécois. En conséquence, il connait toutes les pubs de notre télévision par coeur, toutes les expressions québécoises, et ponctue ses interventions de «ça va mal à ’shop» ou «les nerfs, les nerfs». Si vous lui demandez qui est le meilleur joueur de hockey de tous les temps, il répondra du tac au tac: Mario Lemieux.
L’hôtel où travaille Congo est un truc géant avec trois piscines, quatre restaurants et deux discothèques. Il est habitué de voir de gros Montréalais rouges comme des homards se bâfrer, goinfrer dans le buffet (auquel il ne peut toucher à l’instar de ses co-travailleurs cubains), des Italiens et des Espagnols couverts de jewels, des Allemands taciturnes et bourrus, et des secrétaires en vacances qui lui pilent sur les pieds quand il donne ses ateliers de Cha-cha-cha en fin d’après-midi. Les mêmes qui lui soufflent des mots mielleux dans le cou en soirée, quand les nombreux drinks tropicaux les ont dégourdies…
Ceux qui travaillent dans l’industrie touristique à Cuba sont considérés comme privilégiés d’abord par leur salaire, qui oscille entre 40 et 80 pesos convertibles par mois et dépasse de beaucoup les 15$ mensuels gagnés dans les emplois gouvernementaux. Privilégiés aussi parce qu’ils ont l’opportunité de fréquenter des étrangers et de se frotter à d’autres idées. Et finalement par la chance de faire des à-côtés et de recevoir des pourboires. Un luxe que la grande majorité des Cubains n’a pas.
Un trou dans une dalle de ciment
À l’instar de Camaguey ou de Trinidad, Ciego de Avila est une ville de province au rythme alangui, dont les immeubles pèlent debout au soleil tapant. Et justement, le sien a beaucoup changé depuis ma dernière visite. Congo a réussi après des mois de discussions à recevoir le fameux permis de construction, bien visible au fronton de la porte. Des chambres sont apparues, de nouvelles divisions. Il reste du travail à faire puisqu’il n’y a toujours ni douche ni toilette fonctionnelle, mais ce n’est rien pour effaroucher Congo. Comme le pays est en éternelle pénurie, il m’a demandé de lui apporter des lames de rasoir et de la lotion. Il m’a également pressé de trouver des seringues et de l’insuline pour sa copine, gravement diabétique.
Une fois mon sac déballé, l’ami me tend une bière. Assis sur le balcon à regarder les gamins se poussailler au retour de l’école, il m’assure que les choses bougent dans le pays. «L’île va mieux. Les coupures d’électricité sont moins fréquentes, les magasins tiennent davantage de marchandise, mais il faut payer en convertible, ce qui n’est pas à la portée de tous. Tu sais, les Cubains dépendent toujours du carnet de rationnement.»
Je me souviens encore de ma première visite dans ce logement qu’il partage avec sa mère. Une table bancale, un plafond de planches pourries, une chambre. Le petit coin? Un trou dans une dalle de ciment, avec odeur féroce en prime. «Asi es la vida en Cuba, avait soupiré Congo, gêné. Ce n’est pas le Melia Cohiba, ni l’Hôtel Nacional.»
Le contraste était fort entre ces deux pièces délabrées et le complexe luxueux où il travaille, et qui donne sur une des plus belles plages de toutes les Caraïbes. Il faut dire que les îles du Jardines del Rey, Cayo Coco et Cayo Guillermo, avec leurs mangroves où s’épanchent les flamands roses, les ibis et autres volatiles tropicaux sont d’une beauté qui a séduit jusqu’au grand Hemingway.
Un scribe sur le toit
Un après-midi, alors que nous sirotons une bouteille de Havana Club siete anos sur le trottoir en jasant avec les chicas du voisinage ¾ ay mamita que linda! que para de nalgas! ¾, Congo me pointe une butte de sable et de pierres sous l’escalier qui mène chez lui. «C’est pour isoler le toit et colmater les brèches entre les plaques de fibrociment». Il explique que l’État ne tolérera pas longtemps un pareil bardas sur le trottoir. «Si ce n’est pas sur le toit mercredi, ils ont dit qu’ils me colleraient une amende.»
Je propose à Congo de finir l’ouvrage tout de suite. Des copains se pointent. On commence le travail à quatre, Congo, Ivan, un jeune voisin et moi. Congo remplit les seaux, Ivan les monte à bras en tirant une corde accrochée à une poulie sur le toit, l’autre copain décroche le seau, me le passe et je le vide ensuite en répartissant bien le sable et la caillasse. Il est 17h, le soleil est encore haut, il fait chaud. Un passant s’arrête.
– Qui c’est l’ami en haut, celui avec le bandana? Jamais vu dans le coin.
– Normal, il est pas d’ici.
– Et d’où il est?
– Du Québec, répond Congo entre deux coups de pelle. Il est journaliste. Il écrit et fait des films.
Quand le type entend ça, il enlève aussitôt sa chemise et cherche une pelle. «Ah, periodista, que bien!» Au coucher du soleil, nous sommes une bonne dizaine à pelleter, tirer, vider le sable ici et là. Un verre de rhum passe de main en main, suivi d’une blague ou d’une salve d’encouragements. À 21h, après quatre heures d’ouvrage, il n’y a plus une trace de sable sur la chaussée.
Manquer de bière en enfer
Il fait une chaleur débile ce soir. Avec le facteur humidex, le mercure doit gicler du thermomètre, par le haut. La solution la moins intelligente: aller boire de la Crystal ou de la Bucanero fuerte dans une buvette du quartier. Arrivés là, une surprise nous attend. Sur le comptoir, un écriteau: «Pas de bière à Los Pinos ce soir». Les frigidaires, comme partout en ville, sont sous scellés. Je demande à la serveuse ce qui se passe, elle me répond par un haussement d’épaules.
Un jeune mec m’explique que ce sont probablement les «inspecteurs» qui sont arrivés à Ciego. D’autres discutent, assis sur le trottoir. Ils n’ont pas l’air trop surpris et répètent en riant que «c’est comme ça à Cuba, on y peut rien». Ils sont futés les Cubains. Rompus à l’autocensure. Conditionnés à dire ce qu’il faut dire, quand il le faut. Ils sourient, ont l’air cool, imperturbables. Mais n’en pensent pas moins. Ils savent bien que le régime a lâché ses rats dans tous le pays sous prétexte de trouver qui profite des dollars du tourisme, qui détourne quoi de l’État. Ils savent bien que ces traques ponctuelles ne sont que prétextes pour donner un coup de brosse à la révolution et rappeler qui est le patron.
J’aurais voulu être un touriste
L’histoire récente de Cuba est celle d’un étau qui se resserre sur une population à qui on a beaucoup demandé. L’embargo américain était déjà en place au moment de la chute du rideau de fer, au tournant des années 1990. Avec la déconfiture de l’Union soviétique, le pays ¾ qui ne pouvait plus compter sur le support économique du grand frère rouge ¾ s’est retrouvé le bec à l’eau. C’est alors que Fidel Castro a décrété la «période spéciale en temps de paix», un état d’urgence qui plongeait le peuple dans une crise sociale sans précédent et confirmait ce que les analystes avançaient depuis des mois: produits alimentaires, essence, électricité, transports, communications, presque tout fut rationné, réorganisé. En conséquence, il a fallu lutter, être inventif, passer d’un mode de production industrielle à la coopérative agricole, des vieilles bagnoles américaines à la bicyclette, du régime carné au végétarisme forcé. En un mot: dégraisser.
Le régime a dû répondre à d’importantes questions. Comment faire pour recapitaliser l’île? Quelles nouvelles alliances établir? Le régime a choisi de revenir dans le giron du tourisme de masse, et d’ouvrir l’île aux capitaux étrangers. Le tourisme, et tout ce qui vient avec. Du jour au lendemain, le pays a vu se construire des centaines d’hôtels luxueux sur les plages de Varadero, de Holguin, de Cayo Largo, tandis que la population crevait de faim en province.
Toute la littérature de l’époque raconte cet exode des ruraux vers La Havane au milieu des pénuries et privations, comme en témoigne cet extrait d’une nouvelle de Zoé Valdés: «Ça doit faire vachement bizarre d’être étranger, vous vous baladez dans la vie, comme ça, en faisant des photos comme dans un film, vous vous moquez de savoir s’il y a eu une livraison d’oeufs ou si on va manquer de lait parce qu’il a tourné à cause de la chaleur. Moi, quand j’étais gamine et qu’on me demandait ce que je voulais faire quand je serais grande, je répondais sans hésiter “touriste”».
Un rappeur danois
Un soir, Congo m’amène dans une discothèque de Ciego de Avila, El colibri. Musique tonitruante, ambiance collante, ça sent le swing et la papaye mûre. Congo est en feu et armé du micro du MC maison, il prend rapidement le contrôle de la soirée. Les belles Avilaines ont le diable au corps, se frottent au premier venu, grimpent sur les caisses de son. Le roi de Ciego is in the house, baby! Après quelques rhum-lime, il me présente à la foule comme un «rappeur Danois» et je suis tenu de livrer quelques freestyles ¾ je ne suis pas rappeur, on se calme ¾ sur des beats de reggaeton… Contre toute attente, mon flow pâteux et ma douteuse performance vocale me valent des applaudissements. Qui est ce mec dans le fond de la salle avec Congo? Le chauve avec une barbichette? Au stand de poulet et de patates frites où la faune nocturne se rassemble aux petites heures, je suis accueili comme un héros.
De la neige haut comme ça
Un samedi midi, je visite des amis à l’extérieur de la ville. J’arrive en calèche avec Congo ¾ un chemin de terre avec en fond sonore un mélange de salsa distortionnée, de rires et de jappements de chiens ¾, en me disant que ceux qui vivent dans des barrios pareils n’ont manifestement pas la chance d’être du bon côté de la révolution. Fils et filles des agriculteurs touchés par la période spéciale, ils habitent souvent à dix dans des cases minuscules, sans eau courante, dans une promiscuité gênante. On retrouve parfois jusqu’à quatre générations d’une famille sous le même toit, de l’arrière grand-mère au petit-fils. Tout manque ici, à commencer par l’argent, mais on nous a quand même préparé une bouffe de congri ¾ riz et haricots ¾ avec une salade de tomates. Comme le dit souvent Congo, «les Cubains n’ont rien, mais si tu donnes un biscuit à une famille de douze, chacun en aura un morceau».
Les filles se pomponnent à l’arrière ¾ un bout de glace cassée comme miroir¾ sous le regard de l’arrière grand-mère, qui a encore de la jasette malgré ses 96 ans. Elle se berce sous une photo de Fidel. «Elle t’attend depuis trois jours», m’avoue une des filles en souriant. La vieille est contente. Elle m’appelle «mon vieux» en me tapotant l’épaule. «J’ai failli mourir l’année dernière, mais dans le moment je me sens bien. Dieu merci». Elle ne se souvient plus très bien mais elle croit que son père avait des origines québécoises. D’ailleurs elle veut savoir s’il y a de la neige au Québec l’hiver. «Oui mamie, haut comme ça. Des tonnes de neige.»
La plus jeune des filles fait la lessive dans la cour arrière, ses longs cheveux noirs attachés en queue de cheval. Elle suspend les vêtements sur du fil barbelé en révisant à voix haute ce qu’elle aimerait recevoir en cadeau. «Une calculatrice, une chaîne en or avec une médaille de la Sainte Vierge, des boucles d’oreilles… Ah, j’aimerais aussi avoir une paire de Puma couleur orange quand tu reviendras. Vous avez des Puma au Québec, non?»
Des ruses de Sioux
Pour Congo, la question ne se pose pas. C’est Cuba ou rien. Il travaille avec des touristes étrangers et on le paie correctement pour s’occuper d’eux, monter des spectacles, les promener sur le Cayo. On lui a offert plusieurs fois de le parrainer pour qu’il vienne s’établir au Canada, on lui a proposé un emploi au pays, rien n’y fait. Fideliste, révolutionnaire, et fier de l’être, il n’a pas envie de quitter l’Île. En plus, il y a sa mère et sa copine qu’il ne laissera jamais seules au pays. «Aller à Toronto ou Montréal en visite, je ne dis pas. Mais m’établir là-bas? No way, tranche-t-il en vidant son verre de rhum. De toute manière, combien partent? Un paquet. Ils se marient, attendent le visa et hop, dans l’avion. Plusieurs reviennent la tête basse. Ils ne s’imaginaient pas que la vie serait aussi difficile à l’étranger, dans des sociétés compétitives et impersonnelles. Le rêve s’éteint vite pour ceux-là.»
N’empêche, une majorité grandissante de jeunes n’en a rien à foutre de la Révolution. Ni pour ni contre. Ils veulent seulement partir, voir du pays, se refaire. Pour beaucoup, le bonheur serait d’avoir à manger convenablement tous les jours, avoir des sous, un pouvoir d’achat. Les plus chanceux tombent en amour avec un yuma (touriste) et refont leur vie ailleurs. La pratique est devenue une véritable industrie, autant en province que dans la capitale où il n’est pas rare de croiser une jolie fille en attente de ses papiers. Comme Diana, qui se prépare à se marier avec un ingénieur milanais. Toute énervée, la belle mulâtre me montre le petit portable que lui a donné son fiancé. «Je n’ai pas le téléphone à la maison. Avec ça, il peut me rejoindre quand il veut.»
Consciente, Diana jure que les premiers instants de sa relation avec son bel Italien ne furent pas de tout repos. Pourquoi? Parce qu’une Cubaine amoureuse d’un étranger doit obligatoirement se marier. Avant cela, la chose est risquée et peut lui causer bien des problèmes: arrestations, interrogatoires, visites de la sécurité intérieure, etc. Tout doit se faire en catimini, avec des ruses de Sioux.
Je reviendrai avec un saumon congelé
À bord du taxi qui me ramène à l’aéroport, je pense à Congo qui s’en retourne dans sa cage dorée de Cayo Coco. Il monte dans un de nos bons vieux autobus scolaires jaunes, ceux avec un panneau d’arrêt qui sort sur le côté avec un «psshitt» d’air comprimé quand le conducteur freine. C’est là-dedans que les animateurs, danseuses acrobates, chorégraphes, s’en retournent au boulot. Congo fait les 100 km en rêvassant et en envoyant des messages textes sur son cellulaire. Il voit le bétail qui broute dans la plaine de Moron, mais ça ne lui dit rien. Il a la tête ailleurs, dans les cheveux blonds d’une fille de Calgary rencontrée en début d’année. Pourquoi ne pas se marier? Aller vivre là-bas, au pays de Stephen Harper? Il y a aussi Mary, l’Anglaise, et sa belle Mayana qui passe ses journées à l’attendre en écoutant les telenovellas et en repassant du linge… La vie est compliquée quand on est le roi d’une ville qu’on laisse derrière à tout bout de champ.
Le coeur serré comme les maisons d’Europe écrivait Miron, notre rapaillé national. Voilà comment je me sens chaque fois que je quitte ce pays courageux, à la fois pauvre et luxuriant. Cuba, c’est une poignée de frères et soeurs plus grands que nature. C’est Felix Savon, la droite de Felix Savón à la gueule de tous les embargos, c’est le jeu de pieds de Mario Kindelán, c’est Sotomayor qui s’envole vers le record du monde du saut en hauteur, la voix d’Omara Portuondo, le rap d’Orishas, les textes sulfureux de Pedro Juan Gutiérrez. Cuba, c’est la démarche langoureuses des filles sur la rue, les rires sonores au milieu d’interminables parties de dominos, l’odeur du café le matin, qu’on sert fort et sucré, tout ça et plus encore.
À l’immigration, on me pose mille questions en usant des techniques habituelles. Pages du passeport scrutées à la loupe, regard insistant, appel à un supérieur ou à un flic en civil.
– Pourquoi êtes-vous allé à Ciego de Avila et non pas dans un complexe hôtelier du Cayo? demande un officier.
– Pour voir des copains.
L’homme hésite. Se gratte l’oreille. Tape avec son stylo sur le comptoir. «C’est bon, allez-y».
À bord de l’avion, bien calé dans mon siège, je révise mon calepin de notes. Ai-je oublié quelque chose? Pour le prochain voyage, je dois rapporter, en vrac : une planche à repasser, des vitamines, des lames de rasoir, un microphone, une paire de boucles d’oreille, deux sacs chargeurs pour bébé, une canne à pêche ainsi qu’un saumon congelé… Mais au fait, ai-je le droit d’amener un saumon congelé? Me voit-on passer la douane au pays de Fidel avec une planche à repasser et un saumon de bonne taille sous le bras?
Cet article est extrait de notre spécial Luxe!
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