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La fin de l’amour

Par
Edouard H.Bond
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“Je t’aime.”

Voilà des mots que je ne prononce plus depuis quelque temps. Et je ne suis pas le seul. Au moment d’écrire ce texte, plusieurs personnes, comme moi, traversent une séparation, et ce, parce que les couples ont tendance à se quitter massivement entre la Saint-Valentin et le poisson d’avril. C’est en tout cas ce qui ressort des données de Facebook analysées dans le livre The Visual Miscellaneum et dont tu peux consulter le graphique ici.

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Ainsi, avoir le cœur brisé à cette période de l’année, c’est pas très exceptionnel. C’en est même presque banal. Il faut alors te calmer la peine d’amour et cesser de jouer au misérable.

Nous sommes un shitload à nous sentir mort par en-dedans comme toi.

Nous nous sommes fait laisser pour les mêmes raisons :

1. Pour une autre personne

Dans l’ancien temps, en mille neuf cent-tranquille, le monde flirtait en pleine face. Ça impliquait une part de risque et du front tout le tour de la tête. Pour envoyer une dick pic, il fallait passer par un centre de développement Direct Film et envoyer la photo imprimée par la poste à la personne convoitée. Aujourd’hui, je t’apprendrai rien en te disant que l’autoroute de l’information a grandement facilité notre façon de courtiser. Quand t’as décidé d’apporter ton iPad pour regarder The Big Bang Theory dans ton lit, ton chum, à côté de toi, s’est mis à tchater avec Véronique, la brunette que tu trouvais trop maigre au party de fête de Baz. Et il t’a laissée pour elle il y a presque trois semaines. Elle s’est séparée de son chum à peu près en même temps quand, par un concours de circonstances difficilement explicable ici, il a vu une snapchat de la graine de ton chum.

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2. À cause de la toxicité de la relation

Tu étais un monstre de jalousie. Tu étais incapable de supporter qu’il parle à une autre femme. Tu t’étais inventée toutes sortes d’histoires débiles à son sujet et ça justifiait, pour toi, le fait de lui interdire tout contact avec les femmes. Tu as ainsi saccagé toutes ses relations avec ses amies, même les plus précieuses. Et ces/ses objets que tu as pulvérisés, lorsque tu étais en crise, juste pour lui montrer que tu ne niaisais pas— et que tu ne niaiserais jamais — avec la puck, oh no! Je ne comprends pas ces amoureux qui bercent un loup-garou en eux. Personne ne mérite de recevoir une volée, qu’as-tu pensé man? Elle avait pris tout son p’tit change pour te dire que ç’avait pas de bon d’allure dans quel état t’étais. T’étais over-poudré, tu ne faisais plus de sens. T’avais besoin de ce reality check, et parce qu’elle tenait encore un peu à toi, elle te l’a garroché. Ne pleurniche pas : elle avait raison de crisser son camp.

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3. La séparation à l’amiable

“Je ne t’aime plus mon amour, je ne t’aime plus tous les jours.” T’as beau juger mon utilisation des mots de Manu Chao ici, cette chanson est la meilleure prémisse à la séparation à l’amiable. Comme une sorte d’épiphanie, après des mois de sexe hygiénique et de simple colocation, t’as commencé à rêver ton célibat : ne pas avoir à puncher à la maison, manger de la junk quand tu veux, choisir ce que tu veux regarder sur Netflix, etc. Ta vie amoureuse est si prévisible et ordinaire que t’en es presque à souhaiter un home invasion pour éprouver quelques émotions qui pourraient te rappeler que t’es vivant. Tes ami(e)s sont sur Tinder et, la curiosité dans le tapis, tu te demandes combien de matchs tu manques en ce moment. Faque t’ouvres ta boîte après souper, après une bouteille de mauvais Pinot noir, t’exposes les faits que t’as compilés dans ta tête durant les dernières semaines, tu mets l’idée de la séparation sur la table, et à ton grand étonnement — tu t’attendais à un drame — ta douce moitié t’avoue qu’elle pensait à la même chose depuis quelque temps. Et tu te ramasses soudainement célibataire comme si de rien n’était.

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L’amour ne dure qu’un instant.

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Le reste, c’est que de l’affection réciproque étalée sur une période de temps dont la durée varie selon notre capacité à endurer une autre personne dans notre intimité.

Nous, cœurs en mille miettes et esseulés, ne nous apitoyons par sur notre sort! Nous savons que tout ça n’est que mascarade — la plupart des couples restants ne survivra pas à décembre prochain. Profitons donc de cet incroyable bassin de célibataires printaniers pour avoir du fun sans attache. Et personne nous jugera parce qu’on se tape les neuf saisons de The Office US pour la troisième fois…

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Pour lire un autre texte d’Edouard H. Bond: Magnotta, premier contact.

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