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Quand j’étais petite, j’aimais beaucoup ma suce rose. J’aimais aussi ma suce bleue. Même que des fois, je les mettais dans ma bouche les deux en même temps:
WILD DE MÊME.
Par contre, à l’âge de 3 ans, c’était devenu un peu moins cute. Un jour, ma marraine a eu l’idée d’une ruse. Elle m’a proposé d’échanger mes suces contre un toutou Garfield. Pas n’importe quel toutou Garfield: celui avec des ventouses aux pattes, celui-la même qui était fièrement accroché dans la vitre arrière de sa chic Oldsmobile. Ce Garfield bronzé, cette peluche jaune-orange déteinte par le soleil, c’était pour moi un vrai trésor. Il est donc bien évident que je n’ai pas réfléchi longtemps avant d’accepter l’échange proposé.
Garfield maintenant mien, je me suis empressée de le coller dans la vitre arrière de la voiture de ma mère. En route vers la maison, les larmes ont commencé à me monter aux yeux. Ma mère s’est donc informée de la source de cette soudaine fontaine lacrymale. C’est là que j’ai répondu une phrase désormais célèbre lors des soupers de famille (puisque prononcée par une enfant-emo ayant déjà beaucoup trop propension au drame). Je me suis mise à beugler: « J’pense que j’ai pas fait une bonne affaireeee! » Une déclaration remplie d’émotion, ponctuée d’étouffements dans mon petit jus Oasis en boite.
Je voulais ravoir mes suces, mais je voulais AUSSI garder le fameux Garfield. Je voulais, comme le dit une de mes expressions favorite, le beurre pis l’argent du beurre. J’ai appelé ma marraine, qui m’a vite fait comprendre que donner, c’est donner. Si le film Frozen avait été de cette époque, je me serais consolée à coups de “Let it go, let it gooooo”, mais il a fallu que j’assume en huggant mon Garfield comme s’il n’y avait pas de lendemain.
Cette anecdote illustre une leçon de vie importante (non, pas juste que les suces, c’est pour les bébés la-la):
des cossins, c’est juste des cossins.
Ça se perd, ça passe date, ça se brise… Bref, ce que j’essaye de dire, c’est une affirmation bien simple, digne d’un étudiant de cégep qui découvre la vie: il ne faut pas trop s’attacher aux choses matérielles. Rien de bien extraordinaire dans cette déclaration, mais les ramasseux de bébelles comprendront bien qu’il n’est point facile de se débarrasser de ces magnifiques jeans avec du bedazzle qui nous faisaient si bien en secondaire 4, ou encore de ce collier hawaïen trônant fièrement sur le miroir de la salle de bain tel le fier vestige d’un passage au feu Tiki.
Pour ma part, je suis contente de déclarer que j’ai survécu sans mes suces. Ce qui ne m’a pas empêchée de continuer mon parcours de petite égoïste matérialiste. Exemple: je me rappelle, vers l’âge de 7-8 ans, avoir acheté des bébelles à la libraire du coin pour l’anniversaire d’une amie… Crayon avec pouf de plumes lilas, papier à lettre illustré de faces de Pierrot, gomme à effacer en forme de cornet de crème glacée, autocollant scratch n sniff à odeur de pop corn: un beau butin. Tellement beau, que sans rien dire à mes parents (qui avaient financé les achats) j’ai GARDÉ POUR MOI le crayon lilas. Tellement fluffy. TELLEMENT MIEN. Une pulsion incontrôlable me dictait de l’ajouter à ma collection, parmi les stylos Lisa Frank et les albums d’autocollants Sandylion.
Oui, l’abondance de bébelles, j’ai toujours aimé ça. Avec le temps, mon égoïsme d’enfant unique a pris le bord, mais j’ai gardé mon amour des objets inutiles. Je les stocke précieusement dans ma bibliothèque vitrée, sur mes tablettes vissées aux murs, sur ma table de cuisine… Bien que les visiteurs soient tentés de penser que mon appart est un musée, je suis résolue à garder mes cossins. Même la marraine la plus rusée du monde ne saurait me prendre ces précieux objets. Vous pouvez prendre mon argent, ma maison, mon char, mais
LAISSEZ-MOI CE BIBELOT DE CHAT QUI LOUCHE.
De déménagement en déménagement, j’ai gardé ces objets accumulés au fil du temps. Il faut dire que le fait d’avoir travaillé dans une friperie/antiquaire a grandement contribué à l’expansion de ma collection. Un cendrier sur pattes hyper bancal? Preneuse. Un paravent recouvert de velours à motif Paisley à moitié grugé par la vie? Come to mama. Même que l’été, je prends mon auto pour aller me promener en campagne, l’œil grand ouvert pour de douteux bazars où des grand-mamans se débarrassent de cadres avec des paysages bucoliques en petit point. Oui, je suis preneuse. De toute.
MAIS, puisqu’il doit bien y avoir un mais: ma carrière de collectionneuse tire à sa fin. Récemment, j’ai commencé à suffoquer. À vouloir me débarrasser de toutes ces choses qui, bien que très l’fun pour la rétine, font que je dois zig-zager pour me rendre de mon divan à mon garde-robe. Inspirée par du stalkage Air BnB où les beaux apparts n’ont pour seules décorations que des petites plantes aériennes et des lumières en pots massons, j’ai enfin décidé d’épurer mon logis.
Chaque printemps, ma marraine faisait son grand ménage. Bien sûr, ça incluait le nettoyage typique: balayeuse, moppe, Swiffer, petit chiffon dans les angles morts toujours oubliés. Mais, en plus, elle se débarrassait de quelques vêtements ou objets de maison dont elle ne se servait plus. La totale, le A+ des ménages, un exemple à suivre. Donc, ce printemps, je me suis donnée comme mission de faire pareil. Bon, peut-être pas de laver mes vitres avec du citron et du papier journal. Je veux surtout essayer me débarrasser du plus d’objets possible. Ça progresse, lentement mais sûrement. Depuis dimanche dernier, j’ai échangé une poche de vêtements contre 75$ de crédit dans une friperie. C’est donc un rack IKEA de moins dans ma chambre. Bye bye cossins. Parce que comme dirait Tyler Durden dans Fight Club, les objets qu’on possède finissent par nous posséder.
En fait, maintenant, je rêve d’être une personne dont la vie tient dans une couple de boites.
Non seulement mes déménagements me couteraient moins cher, mais aussi, il me semble que je serais tellement zen dans mon espace de vie épuré et propice au yoga.
Ma façon magique de régler mon problème d’abondance de cossins, ce serait d’être forcée de déménager loin loin loin, avec juste une valise. Ce serait le coup de pied aux fesses qui me forcerait à me débarrasser de tout. Je partirais, le coeur léger et le sentiment de ne plus avoir d’attaches. Oh, peut-être que rendu dans l’avion je beuglerais “Je pense que j’ai fait une mauvaise affaireeee” mais je me résonnerais rapidement: on peut pas tout avoir: faut choisir entre les suces pis le Garfield. De toute façon, vivre avec le minimum, c’est ben en masse.
***Oui, ce texte est une tranche de vie, mais pour vous inciter à vous tourner vers l’épuration matérielle et à exécuter le ménage du printemps de vos rêves, voici quelques trucs en vrac, question de faire une chroniqueuse lifestyle de moi-même:
- Vous pouvez aller porter vos vêtements à la friperie Empire Exchange et obtenir en retour soit de l’argent, soit un crédit en magasin
- Les groupes Facebook style ‘bazar’ sont pas mal utiles pour se débarrasser de meubles/objets de maison… et faire des familles heureuses par la même occasion
- Le vinaigre, ça sert à pas mal de choses dans une maison, c’est Unité 9 qui me l’a dit
Voilà, avec ces 3 conseils, j’espère avoir changé votre vie. Bon ménage! Kiss your bibelot de chat qui louche goodbye de ma part!